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et sur les distinctions physiologiques aventurées. — Il signale donc, à la base de la nationalité judaïque, les trois élémens dont l’anthropologie contemporaine semble aussi incapable de se passer, qu’un Gobineau de ses trois teintes d’épiderme, c’est-à-dire, les dolicho-bruns, les brachycéphales et les dolicho-blonds, qui, moralement, incarnent d’ailleurs à peu de chose près les psychologies noire, jaune et blanche de l’Essai sur l’inégalité des races. — Dans la préhistoire juive, le dolicho-brun s’appellerait Bédouin, le brachycéphale, Hittite (Homo syriacus) le dolicho-blond (Indo-européen d’origine) serait l’Amoritain ou le Philistin. — Israël sortit du brassage de ces trois élémens, et, comme ils n’étaient point apparentés entre eux, comme, à l’exception du dernier, ils sont ici déclarés de médiocre qualité, ce fut une triste mixture que contemplèrent les successeurs de Salomon. Ce monarque, auquel sa magnificence vaut encore un brevet d’aryanisme au moins relatif, marque la limite à laquelle s’arrêtent les complaisances de M. Chamberlain vis-à-vis du peuple élu. Avant l’ami de la reine de Saba presque tout était encore acceptable dans l’Ancien Testament. Ainsi David était blond, et de sang principalement amoritain par conséquent. C’est même pourquoi le roi-poète ne saurait être coupable du lâche procédé de combat que lui prête la Bible ; l’exploit douteux de la fronde n’est pas digne d’un Aryen, et il n’a été attribué que par une confusion ultérieure au jeune héros Israélite. Goliath, par sa taille et par son courage, n’était pas moins certainement aryen, et, en général, toutes les victoires d’Israël furent dues à des mercenaires de sang indo-européen. N’est-il pas curieux de voir ici M. Chamberlain, après avoir protesté avec raison contre les excès du concept aryaniste, le transporter lui-même sur un terrain où il avait été peu exploité jusqu’ici, et donner des émules palestiniens aux Aryens découverts depuis longtemps par l’érudition germanique dans les rangs des armées homériques ?

Bientôt s’effacèrent d’ailleurs du sol chananéen ces dernières étincelles des races pures, originelles, et il ne demeura que le mélange, vicié dans ses sources, dont les prêtres despotiques de Juda, par leurs jaloux règlemens de castes, allaient fixer et développer les qualités incontestables, mais surtout les défauts si choquans pour les regards prévenus de M. Chamberlain. Il hasardera même cette thèse singulière que, si le Juif accepta et