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Du 7 décembre au mardi 24 décembre 1901. — Syra.

A-t-on voulu constituer une division navale dans le Levant à titre définitif, ou bien notre réunion dans l’Archipel n’est-elle que provisoire ?

Dans tous les cas, il n’est pas possible qu’on nous laisse indéfiniment ici sans nous utiliser. Pourtant, depuis que l’amiral est parti, des ordres précis auraient eu le temps de nous parvenir ? Nous semblons oubliés. Rien n’arrive, rien,,.

Demain, c’est la Noël, la touchante fête des petits enfans. Encore un des nombreux Noëls que je ne passerai pas en France !

Il vente, il pleut, il « fait triste. » Noguay est radieux. Il a osé se déclarer et demander la main de Mlle Julie à la tante Lucie. Il y a des difficultés à cause de l’éloignement des parens, mais l’excellente marraine, comme une bonne fée, a promis de tout arranger. Dès que nous quitterons Syra, elle partira avec sa nièce pour Alexandrie.


Dimanche 29 décembre 1901. — Syra.

Enfin !... un long télégramme officiel a été remis la nuit dernière au commandant. Nous allons partir dès demain.

Seulement, ainsi que nous le jugions tous utile, il nous est ordonné d’entreprendre une « tournée » en Syrie et en Égypte, avant de rentrer en France.

Nous devrons visiter Rhodes, Mersina, Alexandrette, Tripoli de Syrie, Latakié, Beyrouth, Saïda (ancienne Sidon), Caïffa, Port-Saïd, Alexandrie.

D’Alexandrie, nous rejoindrons directement l’escadre à Toulon !

A la bonne heure, nous voici fixés, et, dès à présent, nous pouvons à peu près prévoir la date de notre retour.

Et quel intéressant voyage, en attendant !

A Beyrouth et à Alexandrie, notre séjour devra être d’assez longue durée pour permettre au commandant de se rendre à Damas et au Caire.

Le but de notre mission, — dans ses grandes lignes, que je puis seules connaître, — est de renouer des relations définitives avec les autorités turques, de constater l’effet produit par l’occupation momentanée de Mytilène, d’encourager nos œuvres enseignantes et industrielles, de grouper autour de notre pavillon dans cette