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REVUES ÉTRANGÈRES

UNE FEMME HISTORIQUE :
LA DOUBLE EXISTENCE DE JAMES DE LA CLOCHE


The Valet’s Tragedy, and other Studies, par Anarew Lang, 1 vol. ; Londres, Longmans and Cie, 1903.


Le 11 avril 1668, un jeune homme se présentait au collège des Jésuites du Quirinal, demandant à y être admis en qualité de novice. Il était pauvrement vêtu, et ne possédait, pour toute garde-robe, que deux chemises, un gilet en peau de chamois, trois collets, et trois paires de chausses. Ne parlant d’autre langue que le français, il prétendait cependant être sujet anglais. « James de la Cloche, de Jersey, » c’est sous ce nom qu’il s’inscrivit dans les registres du noviciat. Mais le général de l’ordre, Oliva, ne tarda pas à découvrir la véritable identité du jeune novice. Celui-ci était un fils naturel du roi d’Angleterre Charles II. Il était né, en effet, à Jersey, pendant le séjour de Charles II dans cette île, en 1646 : sa mère était, — le renseignement nous vient de Charles lui-même, — « une jeune dame d’une des familles les plus distinguées des trois royaumes. » Trois pièces authentiques, qu’il avait sur lui en arrivant à Rome, ne laissaient aucun doute sur sa haute origine. La première était un certificat autographe du roi Charles, écrit en français, et daté de Whitehall, le 27 septembre 1665 : Charles y reconnaissait sa paternité, et attestait que « James Stuart, qui, par son ordre, avait jusqu’alors vécu en France et dans d’autres pays sous un nom supposé, » venait, à cette date, d’arriver à Londres, « où il aurait à porter le nom de James de la Cloche