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Après avoir donné cours à son indignation, il exposait les faits, racontait l’origine de ses rapports avec Catus, le passé de celui-ci, et s’appliquait à démontrer l’invraisemblance de l’accusation dirigée contre lui.

« O mes collègues, la seule idée d’un tel soupçon, jusqu’à ce que ma justification soit connue de la France, déchire et soulève mon âme. Incapable de trahir mes sermens, les lois et la patrie, si dans ma vie j’ai commis des fautes, — et quel est l’homme qui n’en commet pas ? — soyez certains que mes fautes ne furent jamais que d’excusables erreurs. J’appelle, en finissant, le glaive de la loi sur moi ou sur mon calomniateur. Il n’y a pas de milieu. »

Lecture de cette lettre aurait dû être faite à la tribune de la Convention. Hérault de Séchelles comptait encore dans l’assemblée des amis et des partisans. Peut-être se fussent-ils laissé émouvoir par ces accens pathétiques. Mais c’est là justement ce que Robespierre ne voulait pas. La protestation du prévenu fut passée sous silence. Il n’en est même pas question dans le fougueux et haineux réquisitoire que Saint-Just prononça le même jour, à l’ouverture de la séance, en annonçant que Hérault de Séchelles et Philibert Simond étaient arrêtés.

Après avoir tracé le récit des incidens qui justifiaient selon lui la décision des Comités, Saint-Just ajoutait : « Si l’on examine la conduite antérieure de ces deux hommes, ils nous étaient déjà suspects. Le Comité de Salut public avait déclaré, depuis environ quatre mois, au premier qu’il ne délibérerait plus en sa présence, qu’on le regardait comme un ami de l’étranger et comme suspect pour avoir réclamé, les larmes aux yeux, la liberté de Proly, s’être saisi des papiers diplomatiques du Comité, les avoir compromis de manière qu’ils ont été imprimés dans les journaux et répandus en dehors. Si l’on examine la conduite de Simond, il n’est point sûr qu’il ait été du parti populaire dans la Savoie, sa patrie. Il était le vicaire général de l’évêque de Strasbourg et le partisan de Schneider, prêtre autrichien, accusateur public du Bas-Rhin, qui, aujourd’hui, est détenu à l’Abbaye pour ses attentats et qu’on a découvert hier comme étant à la tête du mouvement qui devait ouvrir les prisons… Nous avons une lettre entre les mains, écrite par Hérault à un prêtre réfractaire, dans laquelle il parle d’une manière indécente de la Révolution et promet à ce prêtre de l’emploi. Ce prêtre a été