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amis, c’est votre affection sur laquelle je compte, c’est la mienne qui y répond à jamais.

« SAINTE-BEUVE.

« Respectueux hommages à Mme Ruchet, Mlle Sylvie, et amitiés à M. Ruchet, à Lèbre, à tous. »


29 août 1838.

« Mes chers amis,

« Je vais être pris ces deux jours-ci d’un article sur Fortoul[1] pour le 1er, tellement que je n’aurai pas une minute ; et je crains, si je ne vous écris ce mot à la hâte, de vous paraître encore une fois négligent, peut-être même de vous inquiéter.

« J’ai été très heureux de ce que me dit Olivier et de son bravo patriotique. On ne sait pas ici de nouvelles plus décisives de Lucerne, et on ne doute pas que cela ne s’arrange au gré de l’ambassadeur.

« J’ai reçu un mot de M. Monnard, affectueux et non politique ; il m’annonçait le mariage de sa fille.

« On est ici très inquiet de la santé de Cousin, dont les entrailles sont prises d’un mal plus aigu que celui du bon M. Manuel ; il laisserait moins de regrets. Il en laisserait pourtant à cause de la beauté de sa plume et de l’incomparable verve de son esprit.

« Il ne faut pas s’inquiéter de mon in-8o, s’il n’est ni à la bibliothèque ni à l’écurie de l’hôtel, il n’est nulle part.

« Charton que j’ai vu et que j’ai tâché de rallier à la Revue Suisse, pour laquelle (trop pressé par Secretan) il avait donné sa démission, a été très content de l’Honneur de Famille[2], et on va l’imprimer ici dans un journal. J’ai pris sur moi de dire à Charton que je ne voyais pas d’inconvénient à cette reproduction ; voici un argument pour M. Ducloux contre mes doctrines sur les contrefaçons.

« Et le Chant de l’Épée !

« Olivier pourrait-il me dire la date exacte de la représentation du Sacrifice d’Abraham en latin par les étudians de Lausanne[3] ?

  1. L’article ne parut que le 15 septembre 1838, la Revue ayant publié, le 1er, les vers d’Alfred de Musset Sur la naissance du Comte de Paris. Il figure au tome II des Premiers Lundis.
  2. Nouvelle de Mme Olivier.
  3. Le Sacrifice d’Abraham fut composé par Théodore de Bèze, à Lausanne, en 1550 et représenté la même année devant une nombreuse assistance, sur la place de la Palud de cette ville, selon l’habitude, ou peut-être cette fois dans la cathédrale. Voici le titre de l’édition originale : Abraham sacrifiant. Tragédie française. Autheur Théodore de Beize, natif de Vézelay en Bourgogne (Genève, Conrad Badius), 1550, in-8o de 55 pages. Cette tragédie, une des meilleures œuvres que Théodore de Bèze ait écrites en français, n’est en somme qu’un mystère ramené aux proportions du drame antique, avec un prologue et des chœurs. Elle obtint un grand succès à son apparition. Jouée dans beaucoup de villes protestantes, réimprimée souvent, elle fut mise à la portée des nations étrangères, dit M. Auguste Bernus dans son intéressante notice de Th. De Bèze à Lausanne, par des versificateurs contemporains qui la traduisirent en italien, en allemand, en anglais et deux fois en latin.