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date, ni d’autre indication), rédigées probablement par le Parlement de Paris. Ceux qu’intéresse la question doivent lire en entier ces Remontrances qui résument toute l’histoire des impôts sur le revenu de 1710 à 1778. J’en cite seulement le début :


« Sire,

« Votre Parlement, frappé des plaintes qui s’élèvent de tous côtés, au sujet des vingtièmes, eût trahi ses devoirs envers la nation et compromis les intérêts de Votre Majesté, s’il avait négligé de prendre ce grand objet en considération.

« En conséquence, il a chargé votre Procureur général de s’informer des abus pratiqués dans le ressort, et les réponses des substituts ne permettent pas à votre Parlement de révoquer en doute ces abus déjà notoires.

« Ils sont effrayans par leur espèce et par leur nombre.

« En effet, Sire, depuis 1771, dans toutes les élections du ressort, le pouvoir arbitraire des ministres, des commissaires départis, des directeurs, des contrôleurs, se produit, se déguise, s’étend sous mille formes, qui toutes se ressemblent en un seul point, savoir que les vingtièmes sont imposés sans mesure, et perçus sans modération.

« Ces rigueurs excessives ont pour première cause deux lettres missives d’un ministre, qui n’a pas craint en 1772 d’envoyer aux commissaires départis un ordre circulaire d’augmenter les rolles des vingtièmes dans la proportion que lui seul avait fixée.

« Pour se procurer cette augmentation, on a exigé des déclarations nouvelles ; sans égard à ces déclarations, on s’est permis des vérifications illégales ; une armée de contrôleurs ambulans s’est répandue dans le royaume, tous les moyens que l’avidité du fisc ou la rivalité des contribuables pouvaient s’imaginer ont été mis en œuvre. Telle est, Sire, la substance des plaintes dont votre Parlement doit se rendre enfin l’organe auprès de vous ; en voici les détails.

« Les informations prises par le Procureur général de Votre Majesté ont fait connaître :

« Qu’on a méprisé les déclarations ;

« Que la représentation des baux n’a servi à rien ;

« Qu’on a tenté par tous les moiens possibles de découvrir les titres de propriété ; qu’une instruction envoyée aux