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déprimer en cul-de-sac, dès les premiers temps de la vie embryonnaire ; puis on assiste au travail de ramification, qui fait, de ce diverticule, le canal excréteur d’une glande tubulée, puis, enfin la glande lobulée et sanguine du mammifère adulte. — L’anatomie comparée, dans une revue des animaux adultes des différentes classes, nous offre la répétition des mêmes faits. Chez beaucoup de Bryozoaires et de Vers, le foie est représenté par une zone de l’intestin colorée en jaune-vert. Il devient un cul-de-sac (cæcum-hépatique) et il reste à cet état chez d’autres vers tels que les planaires, chez les crustacés inférieurs tels que l’apus et même chez le plus inférieur des vertébrés, l’amphioxus. — C’est une glande tubulée chez les mollusques et les poissons ; cette glande se complique chez les batraciens et les reptiles : elle devient enfin l’organe lobule et complexe dont on connaît bien la structure chez les mammifères et chez l’homme.


La seconde proposition n’est pas moins bien établie. Elle attribue à l’intestin moyen les facultés de sécréter les fermens digestifs, d’absorber les produits digérés, et de leur faire subir une élaboration chimique dans le temps qu’ils traversent sa paroi. Les deux premières de ces propriétés sont de notoriété banale ; la troisième, la mutation chimique des substances transitantes est mal connue encore. — Ces propriétés sont si bien les propriétés fondamentales de l’intestin moyen qu’on peut encore les reconnaître malgré tous les remaniemens qu’a subis l’organe chez les animaux les plus élevés en organisation. L’intestin très différencié des mammifères, bien qu’il ait délégué ses activités digestives au pancréas, et ses activités transformatives au foie, ne s’est pas dépouillé cependant au point d’avoir entièrement perdu ses traits caractéristiques. On y retrouve, et à un degré que l’on ne soupçonnait pas, les propriétés dont on croyait qu’il s’était démuni en faveur du pancréas et du foie.

On dit trop communément que, chez les vertébrés supérieurs, la division du travail est complètement réalisée : que l’annexe pancréatique est préposée à l’élaboration des fermens, amylase, lipase, trypsine, qui digèrent les féculens, les graisses et les albuminoïdes, c’est-à-dire les trois catégories d’alimens : que la surface intestinale elle-même est uniquement affectée à l’absorption, par les voies sanguines ou chylifères, des produits digérés ; qu’enfin, au foie est réservé l’ensemble des opérations consécutives à l’absorption, opérations auxquelles les anciens, par une heureuse inspiration, ont donné le nom expressif de seconde digestion. Nous ne les connaissons pas