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au Maine ; de Nonant, Exmes, Tortisambert, en Normandie ; de Nevers, etc. ; glaceries de Tourlaville près Cherbourg, de Reuilly au faubourg Saint-Antoine, berceau de Saint-Gobain qui, bientôt adulte, va absorber toutes les autres dans sa fortune et dans sa gloire.

Jusqu’aux environs de 1730, on s’en tient là, les créations nouvelles sont assez rares : le Conseil du commerce craint que la multiplication des fours ait pour conséquence la destruction des forêts ; mais, après 1730, les mines de charbon entrent en exploitation, et l’autorisation de fonder des usines est plus facilement accordée. Les religieux de Marmoutiers édifient à Saint-Quirin une verrerie, qui devient, en 1753, la « Manufacture royale de cristaux et de verres en tables, » et qui d’ailleurs elle aussi, finira par fusionner un jour avec Saint-Gobain L’évêque de Metz, Mgr de Montmorency-Laval, en fonde une, qui deviendra la cristallerie de Baccarat. Un arrêt du 6 mars 1755 permet au sieur Lefèvre d’en établir une au village d’Eauplet, près Rouen. Lille possède une fabrique de verre à bouteilles. Celles de Champagne et du Clermontois n’arrivent pas à satisfaire les marchands de vin d’Epernay. Voici des verreries en Poitou, à Decize, à Beauregard, dans le département actuel de l’Ain ; en Aunis, dans le Lyonnais, dans l’Allier actuel, à Blancpignon près Bayonne, à Bordeaux, en Provence, près d’Aix, et à Marseille. Les verreries forestières, les verreries à bois, de Normandie et des Ardennes subsistent ; mais voici maintenant des verreries minières ou houillères, à Carmaux, par exemple, à la Levade près Alais, à Saint-Etienne, à Anzin, etc.[1].

La proximité de la matière première paraît en revanche avoir eu sur la localisation de l’industrie du verre beaucoup moins d’influence, et cela va de soi : partout en est à proximité de la matière première, parce que cette matière première est partout.

  1. Voyez Germain Martin, la Grande Industrie en France sous le règne de Louis XIV, p. 195-197 ; La Grande Industrie en France sous le règne de Louis XV, p. 149-151. — Cf. ibid., p. 110. Par un mémoire du 28 décembre 1727, le sieur de Sartres demandait l’autorisation d’établir à Cette une verrerie qui serait alimentée par le charbon des houillères : « Les Anglais et les Allemands ont appris l’usage du charbon de terre qui produit non seulement l’avantage d’épargner le bois, mais encore de faire beaucoup plus d’ouvrage que dans les autres verreries ; ce secret n’est point commun, et il n’y en a que quatre dans le royaume : une dans le Boulonnais, une à Bordeaux, une à Bourg-sur-Dordogne, et une établie depuis peu à Sève (Sèvres), sur le chemin de Versailles, à la maison de Mme Dargenton, où est l’arcade de Saint-Cloud. »