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Le général était né en 1765 dans la Charente. A l’âge de dix-neuf ans, il entrait dans un corps français levé par le comte de Maillebois pour le service de la Hollande, il servit dans l’artillerie hollandaise et en 1791 rentra en France comme sous-lieutenant d’infanterie. L’année suivante, il était à la journée de Valmy et au combat des Islettes. En 1793, sa belle conduite partout où il avait passé lui valait le grade de général de brigade. Carnot, qui l’avait distingué à l’armée du Nord, lui confia alors la direction du cabinet topographique, grand bureau militaire qu’il venait de créer en dehors du ministère de la Guerre pour centraliser la direction des armées. C’est là que s’élaboraient les plans de campagne ; c’est là qu’arrivaient jour et nuit les courriers extraordinaires qui apportaient les rapports des généraux en chef ; c’est de là que partaient les instructions et les ordres qui leur étaient adressés. Avant de prendre le commandement de l’armée d’Italie, Bonaparte passa au cabinet topographique et examina longuement sur la carte, avec le général Dupont, le terrain sur lequel il allait combattre.

Nommé en 1797 général de division et maintenu au poste de confiance qu’il occupe, Dupont entretient une correspondance active avec les généraux ou avec les chefs d’état-major des différentes armées. Ses archives, que sa famille a soigneusement conservées, contiennent des lettres de Berthier, de Hoche, de Kellermann, de Masséna. Après les traités de Bâle et de Campo-Formio, on lui confie la direction du dépôt de la Guerre, avec la mission de réunir tous les documens, tous les matériaux nécessaires pour écrire l’histoire des glorieux événemens militaires qui viennent de s’accomplir. Ministre de la Guerre par intérim, le 18 et le 19 brumaire, il est tout à fait dans la confiance et dans les confidences de Bonaparte auquel il témoigne un dévouement absolu. Il rentre alors dans le service actif comme chef d’état-major général de l’année qui va gagner la bataille de Marengo. Dans cette journée qui commence si mal et qui finit si bien, grâce à l’arrivée de Desaix, grâce surtout à l’énergique intervention de Kellermann, Dupont remplit honorablement ses fonctions sans déployer cependant aucune qualité supérieure. Parmi les nombreux historiens qui ont raconté la bataille, il n’est venu à l’esprit de personne de mettre son rôle en relief. Il y fait son devoir, tout son devoir, il n’y a pas attaché son nom. Chargé du commandement de l’aile droite de l’armée d’Italie,