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1 767 millions de recettes contre 1 690 millions de dépenses au budget ordinaire : après avoir consacré 30 millions aux chemins de fer et aux mouvemens de capitaux, il restera un excédent de 47 millions, mais il faut reconnaître qu’une bonne partie de cet excédent est dû à un excès d’importation de céréales, dont la récolte a été mauvaise. Les bons du Trésor, qui, au 30 novembre 1892, circulaient pour 270 millions, ne s’élevaient plus qu’à 204 millions au 30 novembre 1902. A la même date, les 30 millions avancés au gouvernement par les banques d’émission leur avaient été remboursés. La circulation et les engagemens à vue des trois instituts d’émission n’avaient pas varié dans ce même intervalle décennal ; le total en était de 1 311 millions ; mais les réserves métalliques avaient passé de 447 à 663 millions, dont les deux tiers en or. Le portefeuille de ces mêmes instituts va sans cesse en s’améliorant ; les immobilisations se liquident, c’est-à-dire que la qualité du billet se fortifie. Il en est autrement de la circulation de billets d’Etat, qui, en dix ans, s’est élevée de 333 à 445 millions ; il est vrai que la réserve correspondante en numéraire a passé de 137 à 177 millions. Le pays a racheté une partie notable de ses rentes, qui se trouvaient aux mains de capitalistes étrangers : il en est rentré, en huit ans, pour un capital de plus de 800 millions en Italie. La situation budgétaire est donc remarquable. Le courage des hommes d’Etat qui se sont imposé à eux-mêmes un frein en consolidant, c’est-à-dire en s’interdisant d’augmenter les dépenses des plus importans départemens ministériels, est digne d’être cité.


V

Après l’Italie, c’est un autre pays méditerranéen qui a droit à nos éloges. L’Espagne, dont, pendant une partie du XIXe siècle, le budget souffrait d’un déficit chronique, dont les fonds publics faisaient tour à tour le profit des banquiers, appelés sans cesse à l’aide du Trésor, et le désespoir des capitalistes qui les avaient souscrits, dont la gestion économique soulevait presque autant de critiques que ses mœurs politiques et administratives, l’Espagne semble entrée, comme sa voisine orientale, dans la voie de la régénération financière ; elle est peut-être même plus avancée dans le progrès économique proprement dit, en ce sens que la population est moins chargée d’impôts et que la richesse