d’ailleurs un de ses sujets. Malgré cela, l’institution a été extraordinairement faible, et, le jour venu, la Bulgarie n’a eu qu’à tendre la main pour renverser le gouverneur, attribuer sa place à son propre prince, et opérer ainsi la réunion d’une province ottomane avec elle. L’entreprise qui, on s’en souvient, a été conduite comme une conspiration, a coûté cher au prince Alexandre de Battenberg, puisqu’il y a finalement perdu sa demi-couronne : elle n’en a pas moins réussi au point de vue politique, puisque la Bulgarie et la Roumélie orientale n’ont plus fait qu’un à partir de ce moment. Rien n’a été plus facile que de détruire sur ce point l’œuvre fragile du traité de Berlin et de revenir à celle du traité de San-Stefano. Veut-on le renouvellement et le complément de cette aventure ? On n’a qu’à procéder pour la Macédoine comme l’avait fait le Congrès de Berlin pour la Roumélie orientale. Très vraisemblablement, le dénouement sera le même, et, au surplus, nous ne nous en plaindrions pas s’il devait se produire avec la même facilité. Le malheur est que, cette fois, les prétendans sont trop nombreux, qu’ils sont sur le qui-vive, et que si l’un d’entre eux manifestait par un acte l’intention de s’emparer de la Macédoine, les autres entreraient immédiatement en ligne pour la lui disputer.
Le mieux est donc de laisser jusqu’à nouvel ordre la province sous la souveraineté ottomane, et de se contenter de prendre des mesures pour que cette souveraineté s’exerce désormais dans des conditions plus conformes aux principes de la civilisation et aux lois de l’humanité. Ce que nous en disons n’est pas, on peut le croire, inspiré par l’amour du Turc. Nous connaissons ses défauts ; ils sont grands, à coup sûr, et il faut s’appliquer à les diminuer et à les corriger. Mais, quelque grands que soient leurs défauts, les Turcs n’en sont pas moins un moindre mal lorsque les chrétiens sont divisés par des rivalités implacables, et qu’il peut seul maintenir entre eux un peu d’ordre et de paix. C’est, en somme, la conclusion qui se dégageait d’une lettre récente écrite par M. Balfour à l’archevêque de Cantorbery, qui avait mis sous sa sauvegarde les populations chrétiennes de Macédoine et l’engageait à prendre plus nettement parti en leur faveur. Nous avons déjà fait quelques allusions et quelques emprunts à la lettre de M. Balfour. On la lui a reprochée, bien à tort sans doute, car il ne faut pas donner à des populations malheureuses plus d’encouragemens qu’on n’est décidé à leur donner de concours effectif, et l’Angleterre, pas plus d’ailleurs que les autres puissances de l’Europe, n’est disposée à mettre le feu à l’Orient, peut-être même à l’Occident, pour soutenir la révolution macédonienne. Cette révolution a