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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 octobre.


Paris, ou plutôt la France, s’apprête à recevoir le roi et la reine d’Italie. On constatera certainement de l’autre côté des Alpes, et nous le faisons nous-mêmes avec une satisfaction très sincère, que pas une voix discordante ne s’est élevée au milieu de la sympathie générale provoquée par cet heureux événement. Au moment où nous écrivons, Paris se pavoise, prépare ses illuminations et met ses habits de fête. Il oublie les malentendus qui ont existé pendant quelques années entre l’Italie et nous, ou, s’il se les rappelle, c’est pour en effacer définitivement le souvenir. Malentendus est certainement le mot juste. Nous n’avons jamais compris, pour notre compte, quel pouvait être le motif sérieux de la mésintelligence qui s’était produite entre deux nations faites pour s’aimer. C’était la conséquence néfaste d’une politique tout artificielle, où les intérêts français et italiens étaient également sacrifiés. S’il y a, en effet, deux pays que tout rapproche, la géographie, l’ethnographie et l’histoire, assurément ce sont l’Italie et la France. Leur entente cordiale est une garantie de la paix européenne ; leur désaccord, au contraire, est un élément d’inquiétude et de trouble. Le roi Victor-Emmanuel l’a compris : c’est une justice que nous devons lui rendre. Il s’est dégagé, avec un grand esprit politique, des préjugés d’un passé encore récent. À peine monté sur le trône, il a eu un sentiment net et une conception ferme des principes nouveaux qui devaient diriger son gouvernement, et il a trouvé autour de lui des hommes capables de l’aider dans l’œuvre de rapprochement qu’il voulait entreprendre. On nous permettra de dire qu’en France aussi les hommes n’ont pas manqué à la politique d’entente dont l’opportunité, l’utilité, la fécondité, apparais-