demeure[1]. En 1767, l’enfant ayant atteint sa septième année, le maréchal veut posséder son portrait à Montjouffroy. Il le commande au peintre Drouais[2]. Puis lorsqu’en 1788, la grand’mère Hérault ayant vendu le château de Séchelles va s’installer définitivement avec sa belle-fille dans sa propriété de Livry, aux environs de Paris, le maréchal y vient vivre aussi souvent et aussi longtemps qu’il le peut. Lui-même possède une terre à Livry. Elle avait appartenu en dernier lieu au duc de Lorges, beau-frère de Saint-Simon, à la marquise de Plessis-Bellière, à M. de Boisandré et c’est de ce dernier qu’il l’a achetée[3]. Mais, il y réside peu et loge de préférence sous le même toit que son amie. C’est là qu’il se réfugiera, la Terreur venue, là qu’il sera arrêté en 1793 et là enfin qu’en 1795, il mourra entre les bras de Mesdames Hérault, dont il a partagé la douleur quand le fils de l’une, petit-fils de l’autre, a péri sur l’échafaud.
Ces faits sont indéniables. Ils obligent à conclure ou que la tradition dont nous avons parlé exprime la vérité ou qu’une amitié constante et tendre a été dénaturée par la légende. L’une et l’autre de ces interprétations expliquent d’ailleurs également l’affection du maréchal pour le futur conventionnel. C’est tout ce qu’il y a lieu d’en retenir, sans chercher davantage à savoir si, dans les veines de Hérault de Séchelles, cet apôtre du terrorisme persécuteur et brutal, et qui l’a fougueusement prôné, coulait seulement le sang du lieutenant général de police qu’on vit pratiquer contre ses justiciables tant de procédés inquisitoriaux, ou s’il s’y est mêlé quelques gouttes de celui que tenait le maréchal de Contades de son aïeul, ce sous-gouverneur de Gaston d’Orléans, duquel ses contemporains ont dit que son élève n’apprit de lui qu’à jurer[4].
La carrière des armes avait trop peu réussi à la famille Hérault de Séchelles pour qu’elle songeât à diriger de ce côté son
- ↑ La chambre de Mme Hérault de Séchelles au château de Montjouffroy existe encore et a conservé son nom.
- ↑ Ce portrait est à Montjouffroy et représente un délicieux enfant vêtu de blanc. Il y en a aussi une réplique chez Madame la duchesse de Polignac.
- ↑ Livry et son abbaye, par l’abbé A. E. Genty. Paris, 1893.
- ↑ Registres d’Hozier.