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faits d’armes : à la bataille de Parme(1734) où il fut blessé, après avoir vu tomber autour de lui vingt-sept officiers du régiment de Flandres qu’il commandait ; à celle de Guastalla qui suivit ; pendant la campagne de Corse (1740) ; aux sièges de Menin, Ypres, Furnes et Fribourg (1744) ; aux prises de Vilvorde et de Bruxelles (1746), et, pour tout dire, dans la plupart des actions militaires de son temps. Un avancement justifié par sa bravoure l’avait porté, en 1745, au grade de lieutenant général. Ayant rempli pendant la paix les fonctions d’inspecteur général des armées, il venait d’être mis, en 1757, à la tête de celle d’Allemagne, où devait bientôt venir le trouver la dignité de maréchal de France.

Homme de droiture et d’honneur, on ne peut guère lui reprocher que de s’être montré soigneux à l’excès de ses intérêts. Largement pourvu d’emplois, de traitemens, de pensions, il semble n’avoir jamais été satisfait, avoir beaucoup demandé et beaucoup obtenu, grâce à la faveur dont il fut également l’objet sous Louis XV et sous Louis XVI. En 1788, âgé de quatre-vingt-quatre ans, il sollicitait encore, et titulaire du gouvernement de l’Alsace, il parvenait à se faire accorder en échange celui de la Lorraine qu’il considérait comme plus lucratif[1]. Il avait épousé en 1724 Mlle Magon de la Lande, d’une noble famille de Bretagne, fixée à Saint-Malo, et c’est sur une cousine de sa femme, portant le même nom, qu’en 1758, Mme Hérault venait de jeter son dévolu pour en faire l’épouse de son fils. Mlle Marguerite Magon de la Lande entrait alors dans sa seizième année. Elle possédait toutes les grâces de son âge, de l’esprit, de la fortune et des espérances, son père étant trésorier général des États de Bretagne.

Est-ce sous les auspices des Contades que le colonel de Séchelles fut présenté à la famille Magon ? Ne dut-il, au contraire, leur puissante protection qu’au mariage qui faisait de lui leur allié et lui assurait l’appui d’un maréchal de France influent et respecté ? Nous n’avons pu le découvrir. Mais, dès ce moment, la protection de l’illustre soldat lui fut assurée. On la verra bientôt s’étendre sur la jeune femme en des conditions aussi bizarres que mystérieuses.

  1. Les événemens qui suivirent et son grand âge l’empêchèrent d’en prendre effectivement possession. Il résulte de recherches aux Archives de Nancy qu’il ne parut pas dans cette ville, où il n’existe d’autre souvenir de lui que la minute des complimens que lui adressa, le 21 juin 1788, la municipalité.