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EN PAYS BOUDDHIQUE

II[1]
RANGOON ET MANDALAY

Nous sommes retournés chez les bouddhistes, mais, cette fois, c’est dans son plus illustre centre que nous voulons voir leur religion, avec ses antiques dehors et le peuple des fidèles. Plusieurs soirées à la grande Shwe-Dagohn, la pagode dont le renom attire les pèlerins de Chine et du Japon. Elle domine une partie du Delta. Nous remontions les embouchures du fleuve, et Rangoon était encore loin quand nous vîmes poindre à l’horizon ce pâle fantôme d’or.

Très banalement, nous y arrivons en tramway, et nous ne voyons rien d’abord que deux chats. Chats horrifiques, chats géans, de même taille que les palmiers d’alentour, chats-dragons, tout blancs, gueule béante, bordée d’un feston de crocs, langue pointue qui se recroqueville, moustaches flamboyantes : — les génies-gardiens de ce porche, chargés de faire peur, de leur grimace, aux esprits hostiles, aux vieux démons des cultes pré-bouddhiques.

Entre ces deux épouvantails de plâtre, les pavillons de l’entrée échafaudent leurs pyramides de kiosques indo-chinois. Au dessous, toute noire, bâille l’entrée de la galerie ascendante qui,

  1. Voyez la Revue du 1er octobre.