Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 17.djvu/837

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et c’est une vérité indiscutable que toute puissance coloniale doit être seule maîtresse des communications intérieures de ses colonies.

La tâche de tous, administrateurs et colons, est ainsi bien déterminée : de cette association d’efforts, en pays de mieux en mieux connu, procédera une « mise en valeur » méthodique et sûre ; il conviendra, pour que cette œuvre ne soit pas entravée, de ne point retomber dans les erreurs du passé, c’est-à-dire de tenir soigneusement dissociés le Congo d’une part, les territoires de l’Afrique centrale de l’autre ; que chacune de ces colonies ait désormais son budget autonome, tant civil que militaire ; que surtout notre gouvernement se garde, cédant à des invites étrangères, de bouleverser le régime des concessions, organe à peu près adapté aujourd’hui à ses fonctions. Avec des finances plus saines, un personnel commercial plus acclimaté, un réseau de communications plus complet et plus indépendant, avec des fonctionnaires exclusivement empressés à favoriser la colonisation, notre Congo peut se promettre une carrière aussi brillante, et moins incertaine peut-être, que celle de son voisin belge ; affranchi des routines qui le paralysaient naguère, il vient d’entrer dans la voie d’un progrès prudent et continu ; souhaitons que la liquidation du passé, qui s’achève sous nos yeux, ne laisse pas de ruines irréparables, et qu’après avoir trop longtemps refusé à cette infortunée colonie le droit de penser à elle-même, la France sache enfin la doter du gouvernement stable et des institutions définitives qui assureront son avenir.


HENRI LORIN.