sans appui effectif dans l’administration, mal servies par tics agens commerciaux peu préparés à leur tâche, diverses compagnies se virent acculées à la retraite et à la faillite. La responsabilité première remonte jusqu’à notre Parlement, jusqu’à notre opinion publique, dont les hommes d’Etat clairvoyans sont tenus de ménager la nerveuse ignorance, s’ils ne veulent être précipités du pouvoir. Ferry dut escamoter au Parlement la conquête de la Tunisie ; vingt ans plus tard, nos gouvernans dissimulaient l’occupation du Touat derrière le décor d’une mission scientifique, et devaient demander pour le Congo, c’est-à-dire sous une rubrique déjà connue, les crédits destinés à pousser notre empire jusqu’au Tchad ; pendant ce temps le Congo, anémié, languissait. Sommes-nous donc résignés à ne jamais revendiquer devant le monde et devant nous-mêmes le mérite total de nos initiatives, et croyons-nous diminuer nos devoirs de grande puissance, et de grande puissance coloniale, parce que nous n’osons jamais nous en avouer d’un coup toute la variété, toute l’étendue ?
Aujourd’hui, Rabah et Fad-el-Allah sont morts ; les frontières du Congo français sont fixées avec tous ses voisins, à la réserve de corrections de détail que pourraient rendre nécessaires les progrès de la géographie ou la mutuelle commodité des Puissances. Allons-nous, enfin, voir plus clair dans nos propres desseins ? Dans le budget des colonies pour l’exercice 1903, le chapitre 30 porte spécialement le titre « Subvention au budget local du Congo français ; » le chapitre 55 est intitulé : « Dépenses militaires des territoires du Chari et du Congo ; » c’est donc que, dans ce dernier chapitre au moins, la dislocation n’est pas complète entre Chari et Congo ; nous croyons que, cette fois, c’est aux autorités du Chari que le recueillement est recommandé ; aussi bien une diplomatie avisée peut-elle, en cette région, servir mieux nos intérêts qu’une politique d’action trop exclusivement militaire… Mais l’objet du présent travail n’est pas de discuter la politique française dans l’Afrique centrale, qu’il convient au contraire de dissocier nettement du Congo, du territoire sur lequel ont été octroyées les concessions.
Or, où en est la connaissance du Congo ? Elle n’est pas