Le premier établissement des Français au fond du golfe de Guinée remonte au règne de Louis-Philippe[1] : en 1839, le commandant Bouet-Willaumez, cherchant sur ce littoral un port de refuge, remarqua une belle rade, où viennent confluer, presque sous l’Equateur, plusieurs larges rivières ; une série de traités passés avec le « roi Denis » et d’autres monarques nègres nous donnèrent progressivement les deux rives de cet estuaire, dit du Gabon. Jusqu’alors, les seuls commerçans de cette côte avaient été des négriers portugais : en 1847, des marins français s’emparèrent, non loin de là, d’un brick chargé d’esclaves ; ceux-ci, conduits à terre et aussitôt affranchis, furent les premiers habitans sédentaires de Libreville. Bien vite, on vérifia que l’estuaire du Gabon ne commandait aucune voie fluviale de pénétration dans l’intérieur ; on trouvait, à deux ou trois étapes des modestes établissemens de Libreville, des tribus sauvages, en pays forestier et giboyeux ; il n’y avait là qu’un champ limité d’exploration et de chasse pour les marins de nos stationnaires ; le commerce régulier n’avait pas encore pris pied au Gabon ; le
- ↑ Voyez sur ces origines : Jacques Ancel, la Formation du Congo français, 1843-1882. Paris, Comité de l’Afrique française, 1902.