Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 17.djvu/710

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qu’en fait-Il ? On sait qu’il ne la conserve que peu de temps. Elle disparaît rapidement. Elle est consommée, brûlée sur place ; ou bien encore elle est cédée aux autres organes suivant leurs besoins. A cet égard, la graisse se comporte comme le glycogène, et la fonction adipogénique forme le pendant de la fonction glycogénique. Le foie est un grenier d’abondance, un entrepôt de graisses comme un entrepôt de glycogène et de sucre.

Chez les invertébrés, cette mise en réserve des graisses pour les besoins ultérieurs de l’organisme devient tout à fait évidente. On voit par exemple ces substances passer du foie dans les glandes génitales au moment où se forment les œufs et les élémens mâles. Mlle Deflandre, cette année même, a mis en lumière ces rapports de l’épargne de graisse hépatique avec la fonction de reproduction, chez les mollusques et les crustacés. Ces échanges sont d’ailleurs rendus possibles par le voisinage et même l’entremêlement habituel des deux espèces de glandes, hépatique et génitale, chez les invertébrés. Ils sont favorisés, en outre, par l’existence d’un système commun de voies lacunaires qui permet une communication directe. On constate d’ailleurs que le stock graisseux du foie subit des oscillations qui sont précisément en accord avec les périodes de la reproduction.


V

Le foie exerce aussi un office de dépuration qui est indispensable à la conservation de la machine vivante. Nos connaissances sur cette « fonction uropoïétique » constituent l’une des acquisitions les plus laborieuses de la chimie physiologique dans ces dernières années. Elles se résument dans cette conclusion que le foie forme de l’urée au moyen des déchets du fonctionnement vital et que cette formation est à la fois un moyen de les rendre inoffensifs et d’en permettre l’élimination par le rein,

On sait depuis les travaux de Meissner en 1864, que le foie est un des lieux de production de l’urée, mais on ne connaissait ni les circonstances, ni la succession, ni le degré d’ampleur des opérations qui lui donnent naissance. On en doit la notion à Pawlow, Nencki, Salkowski et à plusieurs autres chimistes et physiologistes contemporains.

Les substances protéiques, comme les sucres et les graisses, subissent dans l’organisme une destruction continuelle. Cette désintégration qui libère de l’énergie, est une des conditions de l’activité