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REVUE SCIENTIFIQUE

L'ÉVOLUTION DE LA PHYSIOLOGIE DU FOIE

L’étude des fonctions du foie a fait, en ces dernières années, des progrès qui méritent d’être rapportés. Il y a d’autant plus d’intérêt à en donner un court exposé que la plupart de ces notions nouvelles ne sont point encore sorties du cercle restreint des savans de laboratoire, bien qu’elles soient de nature à intéresser les naturalistes, les médecins et le public savant.

La conclusion générale qui s’en dégage est celle d’une multiplicité extrême des fonctions remplies par le foie. Il est, d’abord, un véritable grenier d’abondance, un comptoir d’approvisionnement qui fournit aux autres parties du corps, par l’intermédiaire des vaisseaux, le sucre indispensable, les graisses, le fer. — C’est, en second lieu, un laboratoire d’expurgation qui fabrique la bile et où les déchets et les produits usés sont remaniés et mis sous la forme (d’urée, de phénylsulfates, de taurine, etc.) qui permet au rein et aux autres émonctoires d’en débarrasser l’organisme. — C’est, en troisième lieu, un instrument de défense contre les intoxications.

Mais, toutes ces fonctions diverses sont la manifestation d’un ordre d’activité unique : l’activité chimique. Le foie dénature plus ou moins profondément les matériaux, importés du dehors ou drainés du dedans, que la circulation lui amène. Il leur donne la forme chimique qui convient pour leur permettre soit de s’entreposer, soit de s’éliminer. Si le corps de l’animal, dans son ensemble, peut être comparé à un État organisé, le foie en est une ville manufacturière qui groupe et concentre les principales industries chimiques du pays. Le