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employer, avec une commune bonne volonté, pour « assurer les résultats » du protocole de Paris. Une série de nouveaux actes diplomatiques furent signés à Alger entre le gouverneur général et le représentant du Sultan. Destinés en apparence à régler les conditions d’application du protocole de 1901, ils avaient en réalité une portée plus haute et plus complète ; ils constituaient tout un programme de collaboration politique et économique entre la France et le Maroc. Apercevant, dans toute leur ampleur, les conséquences heureuses que pouvait produire la pratique, sur les frontières, d’une politique d’entente et de collaboration effective, pour le développement de l’influence française au Maroc, notre ministre à Tanger, M. Saint-René Taillandier, s’employa avec énergie et succès à faire apprécier au Sultan les avantages que les nouveaux accords comportaient pour lui et il réussit à en obtenir la ratification.

La teneur des nouveaux « accords » a été tenue secrète ; certaines stipulations étaient restées verbales ; d’autres devaient être remaniées à mesure que l’application en montrerait le besoin. L’un des accords les plus importans, celui du 20 avril 1903, qui concerne les relations économiques des deux pays, a été publié, grâce à une indiscrétion, par le journal l’Européen ; on pourra, sous réserve de vérification, recourir à son texte.

Si les stipulations précises de ces nouveaux accords n’ont pas été rendues publiques, l’esprit et les données générales en sont connus : nous essayerons d’en présenter un aperçu. — Les nouvelles conventions confirment implicitement le traité de 1845 en admettant que le Sultan établisse à Figuig un amel, fonctionnaire plus directement dépendant que le caïd, et en nommant de nouveau comme marocaines les tribus désignées dans la convention de Lalla-Marnia, dont les plus importantes fractions sont, d’ailleurs, depuis longtemps, établies en Algérie. Dans toute cette région, « le gouvernement français, en raison de son voisinage, prêtera son appui au gouvernement marocain. » Celui-ci, en échange, aidera le gouvernement français à établir « son autorité et la paix dans les régions du Sahara ; » c’est en vertu de cet article, élastique et vague, que déjà le point d’eau important de Tabelbalet, entre le Tafilelt et le Gourara, a pu être visité et occupé par la compagnie saharienne du capitaine Regnault. La France et le Maroc établiront chacun un poste militaire dans la région accidentée et infestée de brigands du