étrangère, des tirailleurs et des spahis, un goum nombreux, formaient aux commissaires une escorte dont la présence montrait qu’ils étaient en mesure d’imposer ce qu’ils préféraient obtenir sans contrainte. Cent cinquante-six soldats marocains étaient venus par Marnia et Aïn-Sefra, pour tenir garnison à Figuig et servir d’escorte à l’amel.
Malheureusement, pendant l’hiver de 1901 à 1902, les attentats s’étaient multipliés dans la zone frontière ; le 19 janvier, le jour même où la commission arrivait à Aïn-Sefra, les capitaines Gratien et de Cressin, de la garnison de Duveyrier, s’étant aventurés sans escorte, au cours d’une promenade à cheval, dans une région très dangereuse, furent assassinés et dépouillés par les rôdeurs qui infestent la montagne. Le gouvernement marocain ni, à plus forte raison, Guebbas, ne pouvaient être rendus responsables de ce crime de quelques bandits ; mais l’émotion ne raisonne pas ; les partisans de la « manière forte » réclamèrent vengeance pour le double meurtre, s’indignèrent que l’on ne partît pas en campagne, et se plurent à prédire l’insuccès d’une œuvre de pacification qui commençait sous ces fâcheux auspices.
Consciente de travailler efficacement pour l’avenir, mais sans illusions sur la possibilité de supprimer immédiatement tout acte de brigandage dans une immense région hantée par toute sorte de réfugiés et de gens sans aveu, la commission se mit à la besogne. Le 10 février, elle pénétrait dans les oasis de Figuig et établissait ses tentes au pied du ksar d’El-Maiz. Bou-Amama avait levé le camp depuis plusieurs semaines et s’était retiré à Aïn-Chaïr avec toute sa clientèle. L’accueil des indigènes fut ce qu’il ne pouvait manquer d’être envers des hommes aussi bien escortés ; la djemâa de Zenaga offrit au représentant du Sultan et aux Français une diffa solennelle et, pendant six semaines, les commissaires purent travailler à loisir : la voie ferrée et la ligne télégraphique de Duveyrier à Beni-Ounif, c’est-à-dire à quelques kilomètres de Figuig, furent exécutées sous leurs yeux et inaugurées par eux ; on organisa l’autorité marocaine en confiant à l’amel du Sultan les fonctions de commissaire prévues par le protocole du 20 juillet, et on régla les rapports des oasis avec le Maghzen. Lorsque la commission quitta Figuig, il ne restait plus qu’à affermir l’œuvre accomplie et à en assurer la durée en y renforçant à la fois l’autorité du Sultan et l’influence de la France.