ensuite acquis à la nation les biens des émigrés qui ne seraient pas rentrés dans un délai de deux mois et ceux du clergé régulier et séculier ; elle vota un traitement au clergé paroissial et la dissolution de toutes les communautés religieuses. Enfin, le 27, après avoir prononcé l’abolition des titres de noblesse, des privilèges, des droits féodaux et fait ainsi table rase en Savoie de la presque-totalité des institutions du passé, elle décida d’envoyer à la Convention une adresse où serait exprimé, au nom du peuple savoisien, le vœu d’être réuni à la République française. Sa tâche étant alors terminée, elle se sépara, le 29, après avoir désigné quatre députés pour porter son adresse à Paris.
Admis le 20 novembre à la barre de la Convention, ils présentèrent les vœux de leurs compatriotes sur lesquels l’Assemblée se prononça le 27 en votant l’annexion de la Savoie à la France. Par le même décret, elle confiait à trois de ses membres qu’elle se réservait de désigner l’organisation du département dit du Mont-Blanc. En vue de leur élection, les délégués savoyards émirent le vœu que Philibert Simond fût renvoyé à Chambéry. C’est lui, on le devine, qui avait inspiré leur requête. Mais la Convention n’en tint pas compte. Elle nomma Grégoire, Jagot et Hérault de Séchelles.
Mécontent d’avoir été oublié, Simond s’élança à la tribune et réclama. « Si mes bons compatriotes ont bien voulu me désigner, je n’ai pas la prétention de croire que c’est par mes vues et mes moyens transcendans, mais parce que je connais les localités, que je parle tous les patois du pays et que les bons paysans me parlent sans façon, sans se croire obligés de m’ôter leur chapeau. » La Convention se laissa toucher et se rappelant que déjà Simond avait été adjoint aux commissaires qu’elle avait précédemment envoyés en Savoie, elle l’adjoignit à ceux qu’elle y envoyait de nouveau.
N’ayant quitté son pays qu’à contre-cœur, Adèle de Bellegarde brûlait du désir d’y rentrer, et ce désir, Aurore le partageait. Mais, il se heurtait à la prudence du mari. Les raisons auxquelles avait cédé le comte de Bellegarde en entraînant sa famille loin du château des Marches et de Chambéry existaient toujours. Les dangers dont il s’était effrayé pour elle menaçaient de croître