inspirer le désir d’en savoir plus long à quiconque attache quelque prix aux épisodes qui, dans ces temps extraordinaires, se sont déroulés en marge de la grande histoire, et se plaît à y voir, plus encore que dans les événemens publics, un moyen de mieux connaître les hommes et les mœurs.
Durant la période de la Terreur, ces épisodes ont été innombrables. Quoiqu’on en ait beaucoup raconté, il s’en faut qu’on les ait racontés tous. Ceux qui restent à découvrir réservent probablement des surprises. Ma conviction à cet égard m’a déterminé à essayer de tirer de l’oubli celui-ci dont aucun historien avant le cardinal Billiet n’avait parlé et dont aucun n’a parlé après lui si ce n’est par allusions brèves et confuses. Pour le reconstituer, j’ai dû me livrer à d’actives recherches, remuer en maints endroits cette poussière du passé, sous laquelle la vérité si souvent travestie par la légende attend avec patience qu’une main habile ou heureuse la fasse jaillir. En dépit de mes efforts, je n’ose me flatter de l’apporter ici tout entière. Les orages qui, voici plus d’un siècle, ont passé sur notre pays et fauché tant d’existences ont de même anéanti des documens écrits à défaut desquels elles ne se présentent à nous qu’enveloppées de mystère. Néanmoins, le récit qu’on va lire, en même temps que, grâce aux papiers recueillis par mes soins, il rectifie et complète les assertions sommaires et par trop erronées du cardinal Billiet, offre un ensemble de révélations propres à donner des événemens qu’il raconte comme des personnages qu’il met en scène une idée plus précise et plus exacte que celle qu’on avait pu s’en faire jusqu’ici.
Je ne revendique pour lui d’autre mérite que celui d’avoir porté un peu de lumière dans des ténèbres demeurées longtemps inexplorées, d’avoir ressuscité, dans le cadre d’un passé mémorable, empli d’agitations bruyantes et tragiques, des physionomies et des faits oubliés ou ignorés, et de s’être, en les ressuscitant, assez rapproché de la vérité pour qu’on ne puisse prétendre qu’il y porte atteinte. Si parfois j’ai dû, à l’aide d’hypothèses, suppléer à des lacunes qu’il n’était pas en mon pouvoir de combler, il n’en est pas moins vrai que tout ce que j’ai affirmé est indéniable ainsi qu’en témoignent les preuves que j’en peux fournir. On ne saurait, me semble-t-il, exiger davantage de l’historien, surtout lorsqu’il s’est proposé moins encore de narrer en tous ses détails une aventure perdue jusqu’à ce