prend ici un caractère de précision qui nous oblige à entrer résolument dans le vif de quelques-unes des parties du problème d’Extrême-Orient.
La France se trouve au premier rang des puissances qui peuvent revendiquer le droit de donner à la Chine des conseils, sinon entièrement désintéressés, du moins sûrs et sincères, car la garantie de leur sincérité résiderait, à défaut d’autres considérations, dans l’intérêt primordial qu’elle a au maintien de l’intégrité du Céleste-Empire, à sa pacification et à sa tranquillité complètes, toutes conditions qui lui assureront à elle-même la possibilité de vivre en bonne intelligence avec sa voisine de l’Extrême-Orient ; d’avoir le calme sur ses frontières ; et de voir s’épanouir le développement normal de ses transactions commerciales dans sa zone d’influence. Le passé, d’ailleurs, répond pour l’avenir mieux que les chaleureuses protestations de sympathie que l’on ferait donner à cette occasion. En effet, la Chine n’a certainement point perdu encore le souvenir des services que par son attitude, de concert avec la Russie et avec l’Allemagne, la France, à la fin de la guerre sino-japonaise, rendit à l’Empire du Milieu, en arrêtant la marche de la jeune armée victorieuse qui venait de faire, aux dépens des Célestes, l’essai de sa nouvelle organisation militaire, et qui ne rêvait rien de moins que d’aller lui dicter ses volontés à Pékin et lui imposer une cession territoriale, permettant au Japon de prendre pied sur le continent asiatique.
Cette attitude, il est vrai, n’a pas reçu, en France même, l’approbation de tous ; elle fut représentée par quelques-uns comme devant avoir pour conséquence d’aliéner à notre pays l’amitié d’un peuple qui venait de se révéler par de brillantes qualités guerrières comme le digne émule de l’armée qui avait fait son éducation militaire, peuple qui, d’après les mêmes organes, ne tarderait point à devenir l’arbitre des destinées des races de l’Extrême-Orient. Mais ces critiques ne sont-elles point le meilleur témoignage du prix que la France attache à vivre en bons termes de voisinage avec la Chine ? C’est que la pacification de notre établissement de l’Indo-Chine dépend bien plus du degré de ces relations que des dispositions militaires qui peuvent être prises par nous-mêmes sur notre frontière sino-tonkinoise pour la répression de la piraterie. Et, en effet, il a suffi que, pour reconnaître le service qui lui était rendu, la Cour