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On allait examiner le magasin à obus ; le premier rang était réel, les autres, en carton recouvert de papier argenté ! Ces détails suffisent pour faire comprendre comment l’armée et la flotte chinoise ne purent soutenir la lutte contre le Japon. Si la Chine moralisait ses fonctionnaires, faisait instruire ses officiers, payait ses troupes, si, en un mot, elle voulait prendre réellement l’Europe pour modèle, la richesse de son sol et le nombre de ses habitans lui permettraient d’avoir, en peu d’années, une flotte redoutable, une infanterie excellente et la plus nombreuse cavalerie du monde. »

On portera le fer rouge dans la plaie par l’application des peines édictées contre ceux qui dilapident la fortune publique : par la création d’un bon corps d’administrateurs militaires et de contrôleurs financiers, dont la tâche sera de mettre fin à ces abus, de supprimer ces « passe-volans, » institution qui fleurissait dans nos armées à une époque qui n’est pas encore bien éloignée ; d’assurer le paiement régulier de la solde et l’observation stricte, de la part de l’Etat, des autres obligations contractées par lui vis-à-vis de ceux qui le servent : toutes causes qui, autant qu’une bonne instruction professionnelle, concourent à l’établissement de la discipline, à donner aux officiers et aux soldats les sentimens mutuels de confiance et de devoir qui créent la solidarité militaire, et contribuent ainsi à la constitution des armées puissantes et valeureuses ! Il ne se trouvera plus alors de chefs qui, en pleine période de paix, éprouvent la crainte incessante, — comme nous avons eu l’occasion quelquefois de le constater sur les frontières méridionales de la Chine, dans certains corps chinois dont les officiers avaient cependant pour nous la plus vive sympathie, — de voir leurs hommes, armés de bons fusils à tir rapide, déserter sous un prétexte quelconque, le plus souvent un simple retard dans le paiement de leur solde, par petits corps, pour aller se livrer à la piraterie, pour leur propre compte, en territoire national ou sur le territoire voisin ; ni non plus des commandans de camps de cavalerie être dans l’obligation, quand ils équipent leurs hommes pour la manœuvre, de ne les faire évoluer que dans une zone où ils puissent les suivre du regard, dans la crainte que, s’ils les perdent un instant de vue, ceux-ci ne viennent à disparaître aussitôt avec armes et bagages. Dans le courant de l’année 1899, un officier, invité par l’un des généraux de Yuan-Shi-Kaï à venir assister aux évolutions d’un