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suffisant et suffisamment exercés et disciplinés pour constituer les élémens, en infanterie, artillerie et cavalerie, de bonnes unités de campagne, il en est tout autrement lorsqu’il s’agit de développer au même degré la valeur professionnelle des officiers, principalement de ceux qui sont destinés au haut commandement et de ceux qui doivent composer aux armées les différens états-majors.

Pour les grades d’officiers subalternes, les Ecoles militaires spéciales chinoises sont susceptibles de fournir un recrutement convenable, à la condition que dans ces écoles, pendant un certain nombre d’années, et aussi dans les corps, la direction de l’instruction militaire pratique soit confiée à des officiers des armées occidentales. Pour la plupart des officiers destinés aux états-majors et au haut commandement, une connaissance plus approfondie des procédés d’instruction, de la tactique de combat, etc., des armées étrangères, leur devient indispensable. Afin d’acquérir ce complément d’instruction, chaque année, de jeunes officiers, choisis après une période de service régimentaire, parmi ceux qui se sont le plus distingués par leur savoir et par leurs aptitudes militaires, devront être désignés pour se rendre à l’étranger ; ils y effectueront un séjour de quelques années au cours duquel ils obtiendront des Puissances amies la faculté de suivre les cours de leurs écoles militaires spéciales ou supérieures, d’effectuer des stages dans des régimens de différentes armes, de prendre part à leurs grandes manœuvres. Dans ces situations diverses ou placés en qualité d’attachés militaires, auprès des représentans de leur gouvernement, ils arriveront ainsi, comme le firent les Japonais, à se mêler à la vie militaire du monde occidental. Ce seront là des sacrifices qui grèveront un peu le budget de la guerre chinois, mais l’adage : « Qui veut la fin veut les moyens » a la même vérité en Chine qu’ailleurs ; et n’est-il pas cent fois préférable, pour une nation, de consacrer chaque année quelques millions à la préparation à la guerre et d’être en état d’assurer honorablement la défense de son territoire, que d’être mise dans l’obligation d’en payer, par exemple, 1 500 à la fois, ainsi que cela vient d’arriver à la Chine, à titre d’indemnités à d’autres puissances ? En attendant, la première réforme à accomplir par le nouveau mandarinat militaire, devra consister à s’affranchir d’un certain nombre de préjugés, de procédés, d’usages séculaires auxquels se heurte, pour ainsi dire, en Chine, chaque disposition de la nouvelle éducation militaire.