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contribution pour la formation de ces contingens, mais l’on ne peut méconnaître que si son application était réellement poursuivie, il ne contribuât puissamment à la formation d’une armée sérieuse, possédant les élémens de bons cadres.

Il s’agit, de plus, de trouver les moyens de donner à ces cadres, comme à la troupe, l’instruction spéciale qui leur est aujourd’hui plus indispensable que jamais en vue de la meilleure utilisation possible des ressources que la science met à la disposition de l’art de la guerre. Il faut encore souder entre eux tous ces élémens par cet esprit de solidarité qui réunit, comme en un faisceau, en vue d’un objectif commun, toutes les volontés, tous les efforts, toutes les intelligences ; développer chez tous et l’amour du métier, et le culte de la patrie, de l’honneur et du devoir, tous ces sentimens qui embrasent les cœurs d’un souffle ardent et font les armées victorieuses ; il faut, en un mot, pénétrer l’armée chinoise de l’esprit militaire.

Le soldat chinois pourra acquérir une instruction militaire suffisante par les moyens actuellement employés dans quelques-uns des corps de nouvelle formation, si toutefois on attribue à l’instruction du tir de l’infanterie, — tirs individuels et tirs de combat, — et, plus encore, à l’instruction pratique de son personnel d’artillerie, — nombreuses exécutions d’écoles à feu et autres exercices de tirs de guerre, — qui sont des parties faibles de l’instruction militaire des Orientaux, en général, et des Chinois en particulier, une plus grande importance. « Faites faire de très nombreux exercices à feu et tirer à la cible, ordonnait souvent Napoléon à ses généraux. Faites confectionner des cartouches en nombre suffisant, leur recommandait-il, pour que les soldats puissent exécuter tous les jours des exercices à feu et tirer à la cible. » L’attention des chefs de l’armée doit être portée spécialement sur cet objet. La bonne exécution des marches, des manœuvres à rang serré et en ordre dispersé, la souplesse du corps et l’adresse, — ainsi que le montrent les nombreux documens que nous avons pu recueillir pour établir notre opinion sur la valeur générale des élémens de cette armée, — sont obtenues facilement des sujets de race chinoise. La docilité, la sobriété, l’endurance, le mépris de la mort, sont, d’autre part, des qualités qu’on ne saurait leur dénier.

Cet avis était déjà, en 1897, celui de Mgr Favier dans le volume qu’il fit paraître sous le titre : Péking. On y lisait notamment :