circonspecte et prudente, assurée de la fidélité de l’élément mongol et de l’élément mandchou, qui constitueront toujours le plus fort contingent des troupes composant sa garde personnelle, la défense de la capitale chinoise et celle de la province du Pe-tchi-li, saura, sans doute, apporter à la nouvelle organisation le tempérament nécessaire pour éviter un écueil dont la dynastie actuelle a, de tout temps, réussi à se préserver. Et d’un autre côté, les événemens dont la Chine vient d’être le théâtre, à l’occasion du mouvement boxer, ont démontré à la Cour de Pékin qu’elle pouvait avoir une entière confiance non seulement dans ces troupes dynastiques mais aussi dans les armées chinoises, proprement dites, dont le loyalisme et le dévouement ont été sur tous les points absolus.
Il en est qui objectent encore, pour démontrer l’impuissance de la Chine à devenir un État militaire de premier ordre, que les Célestes ne forment point une entité nationale, que le mot « patrie » n’existe pas dans leur langue, etc. Cet argument, qui serait peut-être applicable, dans une certaine mesure, aux populations de l’Inde, en raison de la diversité de races, de religions, de mœurs, d’intérêts, etc., qui les sépare, est sans valeur à l’égard d’une agglomération de 400 millions d’habitans qui ont les mêmes idées, les mêmes coutumes, le même mode d’existence, le même culte des ancêtres, la même écriture et une législation qui leur est commune depuis plusieurs milliers d’années ; dont le territoire, dans ses limites naturelles, présente une véritable unité géographique ; et surtout où tout sujet, s’il se distingue par son savoir et par sa supériorité intellectuelle, dans les concours successifs auxquels prennent part les lettrés, peut atteindre aux plus hautes dignités. Il ne faut point en douter, malgré l’opinion contraire de quelques écrivains, le nationalisme chinois, qu’on sentait, depuis les campagnes de 1841, de 1859 et de 1860, comme couver a l’état latent dans la masse des Célestes, s’est aujourd’hui réellement affirmé. Déjà, peu de temps avant les derniers événemens, dans son manifeste du 21 novembre 1899, l’Impératrice de Chine avait proclamé les résultats que l’on pouvait en attendre au cas d’une guerre prochaine : « Lorsqu’on a un pays comme le nôtre, disait-elle, un territoire aussi étendu, de telles ressources naturelles, des centaines de millions d’habitans, si chacun tient à prouver son loyalisme et son patriotisme, qui peut avoir peur de l’étranger ? » Cette explosion populaire