tout extérieure : elle s’élabore en Bulgarie. C’est de là que partent les bandes qui agitent la Macédoine et obligent de force les Macédoniens à s’insurger. Espérer que les meneurs mettraient bas les armes en présence de réformes quelconques serait une chimère. L’Europe demande des réformes ; ils veulent, eux, tout autre chose : ils veulent la Macédoine indépendante, pour s’en emparer ensuite. Dans ces conditions, que faire ? Sans doute on ne peut rien faire de bien brillant, rien surtout qui donne satisfaction à ces chevaliers errans, grands défenseurs du droit des nationalités, qui le défendent jusque dans un pays où il n’y a pas de nation. Non pas que les difficultés que nous avons énumérées plus haut ne puissent pas être résolues ; mais elles ne peuvent l’être que par une guerre, ou même par plusieurs, et personne n’en veut. Alors, encore une fois, que faire ? D’après les journaux anglais, — et ils paraissent avoir reçu des communications officieuses, — les gouvernemens russe et autrichien auraient présenté aux puissances une proposition conjointe en vue d’adresser « des représentations au gouvernement bulgare, pour le prier de rompre toutes relations avec les comités macédoniens et lui signifier qu’en cas de guerre turco-bulgare, la Bulgarie ne devait s’attendre à aucune aide des puissances. » Cela veut dire qu’il ne serait pas impossible qu’une guerre éclatât entre la Bulgarie et la Porte, que cette éventualité a été envisagée par les gouvernemens européens et qu’ils cherchent à se mettre d’accord sur l’attitude qu’ils devraient adopter en pareille occurrence. Il serait sans doute politique, sage et humain dans le meilleur sens du mot de ne laisser à la Bulgarie aucune illusion sur le concours de l’Europe, si l’Europe est d’ailleurs bien décidée à ne lui en donner aucun.
Ces illusions existent, à en juger par l’affirmation d’un journal bulgare qu’il y aurait un traité d’alliance défoisive entre la Bulgarie et la Russie. Si le fait était aussi vrai qu’il est peu vraisemblable, estce que la Russie se serait entendue avec l’Autriche pour adresser aux puissances la proposition publiée par les journaux anglais ? Dans la situation morale où elle se trouve, la Bulgarie peut être malheureusement entraînée à commettre une grande faute si on ne lui parle pas avec une parfaite clarté. La note communiquée aux journaux anglais dit que l’Allemagne, ayant pour politique constante d’adhérer à toute proposition conjointe de la Russie et de l’Autriche, se ralliera certainement à celle qui vient d’être faite, et qu’il semble évident que l’Italie est disposée à le faire aussi ; mais elle ajoute qu’on a quelques doutes sur l’attitude de la France. Il nous est impossible