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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 septembre.


Si, depuis quelque temps déjà, nous n’avons rien dit de nos affaires intérieures, c’est que les événemens qui se passent au delà de nos frontières absorbent toute l’attention. Au dedans, on constate une véritable atonie politique dont les discours de M. le président du Conseil eux-mêmes n’ont pas réussi à interrompre la parfaite insignifiance. Les conseils généraux, sur lesquels on comptait un peu pour éclairer la situation, n’y ont pas jeté la moindre lumière ; ils se sont tus, ou n’ont rien dit qui valût la peine d’être relevé. Aucun homme politique de quelque importance n’a jugé à propos de faire entendre sa voix, de sorte qu’au milieu d’une des plus graves crises morales qu’il ait traversées, le pays est resté muet. Les partisans du régime actuel en concluront sans doute que c’est là, de sa part, un signe de contentement. Nous ne sommes pas sûr qu’il en soit ainsi. Il est plus vraisemblable qu’après tant d’efforts infructueux vers une amélioration qui se fait toujours attendre, l’impression générale est celle d’une lassitude profonde : il y a partout une grande aspiration au repos.

Cette aspiration ne paraît pas destinée à être satisfaite. Le parti qui a réussi à s’emparer du pouvoir entend moins que jamais l’exercer modérément. Le gouvernement lui-même ne demanderait peut-être pas mieux que de s’arrêter un instant pour respirer et reconnaître sa route. Les discours de M. le président du Conseil sont tournés beaucoup plus vers le passé dont il dit beaucoup de bien, que vers l’avenir dont il ne paraît pas savoir que dire. On pourrait croire que M. Combes regarde son œuvre, sinon comme terminée, au moins comme très avancée. Mais le parti qui l’a soutenu jusqu’ici et qui com-