disparurent dans le Sud comme par enchantement. Les noirs apparaissaient comme les hommes du monde les plus aptes à cultiver cette plante tropicale. On s’adonna donc à l’élevage systématique des esclaves. Le résultat fut qu’en soixante ans, leur nombre crut de 500 000 à 4 millions.
Les États du Sud mis en minorité au Sénat et à la Chambre, convaincus qu’ils pouvaient atteindre une prospérité morale et matérielle plus grande hors de l’Union que dans son sein, décidèrent la « sécession, » avec l’exacte connaissance du prix qu’il faudrait la payer. On leur répondit par une déclaration de guerre. Dans un discours qu’il prononça à cette minute, Lincoln indiqua clairement l’importance qu’il attachait réciproquement à la question de l’Esclavage et à celle de la Sécession. Il déclara qu’il voulait sauver l’Union à tout prix, soit en conservant l’esclavage, soit en le détruisant, soit en s’arrêtant à un terme moyen.
Devant l’importance que le Sud donnait au maintien de l’esclavage, il joua de l’abolition comme du châtiment qui punirait une rébellion persistante. Il déclara officiellement que, si les insurgés ne revenaient pas à l’Union, avant le 1er janvier 1863, tous les esclaves seraient affranchis. Pas un État ne prit garde à cette menace et le résultat fut la fameuse Proclamation d’émancipation. Ce n’était pas là un acte d’essence politique. Comme président, Lincoln n’avait pas le pouvoir de promulguer un tel décret. C’était une tactique de guerre. Comme chef de l’armée du Nord, Lincoln espérait ainsi obliger le Sud à rentrer dans l’Union et il l’attaquait par son point le plus faible : l’esclavage et les intérêts qui y étaient liés. Le résultat de la guerre fut un changement dans la Constitution, qui jusqu’alors avait enfermé des lois concernant « les personnes tenues en condition de servage ou de travail. » Le premier amendement publié en 1855 déclara que, « dans les États-Unis tout entiers et dans les territoires soumis à leur juridiction, l’esclavage et la servitude involontaires étaient abolis, en dehors du fait de châtiment d’un crime dûment démontré. » Un second amendement donna les droits de citoyen à toutes les personnes nées aux États-Unis ou naturalisées. Un troisième amendement, — qui a été proposé et ratifié cinq ans après la guerre et l’assassinat de Lincoln, — conféra à tous les citoyens des États-Unis le droit de voter. Ce droit ne peut être lié ou limité, ni par l’union des États, ni par aucun des États