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Après cent années pendant lesquelles l’Amérique a vu grandir ses possessions, de 1 376 000 kilomètres carrés à 5 764 784 kilomètres carrés, sans compter Cuba ni les Philippines, la question que l’on nomme, en Europe, la politique d’expansion des États-Unis n’apparaît pas de l’autre côté de la nier comme une nouveauté. Le Président Roosevelt, se référant à la doctrine de Monroë dans son premier message, a dit : « Cette doctrine doit être le fond même de la politique étrangère de toutes les nations qui composent les deux Amériques. Elle n’est pas plus une machine de guerre dirigée contre les États de l’ancien continent, qu’une commodité offerte aux nations du Nouveau Monde, qui voudraient inaugurer une politique d’agression… C’est la garantie la plus certaine de l’indépendance commerciale des Américains. Il faut nous appliquer sans relâche à l’accroissement de notre marine. La création d’une marine redoutée est la seule chance que nous ayons d’obliger toutes les nations, quelles qu’elles soient, à ne pas tourner en dérision la doctrine de Monroë. » Il revient sur ce sujet dans ses derniers discours : « Quand nous prenons une attitude politique, rappelons-nous qu’il dépend de nous de la soutenir ; il faut montrer que nous sommes prêts à pousser les choses à bout. Honte sur nous, si nous proclamons la doctrine de Monroë, et si, dès que sa légitimité est mise en question, nous montrons que nous n’avions que des mots et non des actes pour la soutenir. Nous n’entendons pas, par cette doctrine, des velléités d’agression contre aucune puissance. Nous réclamons seulement ceci : étant, sur ce continent, la puissance la plus considérable, nous resterons attachés de toutes nos forces au principe qui a été pour la première fois formulé sous la présidence de Monroë. Et cette doctrine, comment a-t-elle été formulée ? Si ce n’était qu’un développement électoral, ou un grimoire, elle ne vaudrait ni le souffle qui l’a prononcée, ni le papier qui l’a reçue. Cette doctrine sera respectée aussi longtemps que nos forces navales nous placeront au premier rang. Pas un jour de plus. »

En 1787, Hamilton a dit : « Nous avons souvent entendu parler des flottes de l’Angleterre et si nous sommes prudens, on parlera un jour des flottes de l’Amérique. » Il semble que cette minute approche.

En effet d’une part, l’excédent des impôts payés par les citoyens de la République dépasse d’une façon si anormale les