Aucun obstacle que ne puisse vaincre l’art de l’ingénieur ne s’oppose à sa construction ; la route fut d’ailleurs fort fréquentée jadis et était suivie par les caravanes venant de l’Inde, aux temps de la splendeur d’Edon. Là où a passé le chameau passera la locomotive.
Mais pour le moment, la ligne de Kowéït-Port-Saïd n’est qu’à l’état de projet ; du temps s’écoulera sans doute avant qu’elle soit ouverte. Il n’en est pas de même du chemin de fer qui doit relier le Bosphore à l’Euphrate et à l’embouchure du Chatt-el-Arab ; il ne reste qu’à construire le prolongement de cette ligne de Konieh à Bassora, et un syndicat franco-allemand s’est constitué dans ce dessein. Or, cette voie ferrée, d’après les projets les plus récens, doit aboutir, en dernier lieu, à Koweït, et c’est cette petite localité qui va être, dans quelques années, le port de transit entre l’Inde et l’Europe. Dans les mains des Anglais, Koweït serait la clef de la voie nouvelle vers les Indes, comme Alexandrie et le Cap sont entre leurs mains les clefs des voies maritimes. Sans doute la localité même de Koweït a le désavantage d’être trop à l’ouest du Chatt-el-Arab, Mais l’éloignement du Rhône ou du Pô n’a empêché ni Marseille, ni Venise, ni Tri este de prospérer. Et en ce qui concerne Koweït, cette localité, quoique éloignée du Chatt-el-Arab, n’en a pas moins, même aujourd’hui, un commerce assez considérable. Il n’y a plus qu’à développer son trafic, et cette opération est certainement plus facile à accomplir que celle qui consisterait à créer de toutes pièces, plus près de l’embouchure du fleuve, une nouvelle cité marchande. D’ailleurs, même en ce cas, le possesseur de Koweït ne serait nullement embarrassé. Il n’aurait qu’à choisir pour le substituer au port de Koweït le mouillage merveilleusement situé à vingt kilomètres au nord-est de cette ville, le Khor Abdillah, qui a été signalé comme le vrai havre marin de l’Euphrate. Les Anglais, à qui ce dernier port aurait été cédé, dit-on, par Moubarek, n’auraient qu’à y faire les dépenses nécessaires pour y créer un port marchand et une station navale.
Le possesseur de Koweït est donc le maître du point terminus des deux futures voies transcontinentales des Indes, celle qui va passer par la vallée de l’Euphrate et celle qui passera dans un avenir plus ou moins éloigné par le nord et le centre de l’Arabie. Il n’est nul besoin de faire ressortir l’intérêt qu’ont les maîtres de l’Inde à les dominer. Qu’il s’agisse de la ligne