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importantes, d’une grande énergie et de grandes facultés administratives, continuent à développer leurs intérêts en Asie, la situation de la Grande-Bretagne vis-à-vis de ces pays doit fatalement subir des modifications. Il n’y a pas de honte à l’avouer. »

La situation politique dans le bassin Persique n’est plus en effet ce qu’elle était il y a un demi-siècle, alors que l’Angleterre aurait pu, sans soulever peut-être d’efficaces protestations, annexer tout le littoral persan. D’autres intérêts ont surgi qui sont de nature à influencer l’attitude générale de la Grande-Bretagne en Orient. Mais ces intérêts, tous comptes faits et toutes considérations pesées, ne paraissent pas inconciliables, et il n’est pas nécessaire que l’indépendance de la Perse soit l’enjeu de la partie qui se joue entre l’influence anglaise et l’influence russe à Téhéran. Un terrain d’entente est tout trouvé, d’autant plus aisé à suivre que les circonstances l’ont imposé depuis un siècle et qu’on le suit actuellement : c’est la continuation de la politique adoptée dès 1834 par l’Angleterre et la Russie à l’égard de la Perse. Le gouvernement britannique et le gouvernement russe peuvent maintenir l’intégrité de cet État comme par le passé, continuer à se montrer bienveillans envers ce pays comme ils le font dans le présent et à travailler au développement économique de la contrée. Ils n’ont qu’à se mettre d’accord pour l’avenir, sur la part qu’ils entendent se réserver dans l’œuvre de la mise en exploitation des ressources du sol persan. Tout est à créer en ce pays : les moyens de transport comme l’industrie. Les chemins de fer et les routes sont à construire ; les mines sont à exploiter. Celles-ci sont nombreuses, et l’on peut citer entre autres les mines de turquoises, de plomb, d’étain, de fer, de soufre, d’antimoine. Le pétrole est aussi largement représenté dans le sous-sol persan. Il en existe des gisemens notamment dans le Mazanderan et le Turkestan. De même la houille, qui est aussi très répandue, mais que l’on ne sait pas suffisamment bien extraire, les Persans se contentant de creuser des puits d’une profondeur de dix mètres, et s’arrêtant, dès que l’eau, arrivant à ce niveau, envahit la mine. Le charbon qu’ils se procurent ainsi venant de la surface du sol, est de qualité très médiocre. Des ingénieurs, procédant scientifiquement, décupleraient, dit-on, comme quantité et qualité la production indigène.

Que l’entente entre les deux puissances intéressées se borne