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ceux-là ont raison qui disent que l’égalité n’est pas dans la nature ? et si quelqu’un soutient qu’un nègre du Congo n’est pas la même espèce d’homme qu’un Italien du temps de la Renaissance ou qu’un native born de Saint-Louis ou de Chicago, quelle preuve du contraire l’histoire et l’expérience pourraient-elles nous donner ? La science, apparemment, ne nous la donnerait pas davantage, anatomie, physiologie, anthropologie, qui nous montrerait au contraire des différences plus profondes entre un aristocrate anglais et un Pahouin qu’entre celui-ci et les grands singes anthropomorphes. N’a-t-elle pas même inventé toute une théorie de la régression de certaines races vers l’animalité, pour nous expliquer précisément ce que l’énormité de ces différences a physiologiquement d’inexplicable ? Il faut donc s’élever au-dessus de la science et de la nature pour trouver un fondement solide à l’égalité. Disons quelque chose de plus : il faut s’élever au-dessus de l’expérience commune et de la morale vulgaire ; il faut s’élever à une hauteur où ne se sont élevés ni les philosophes grecs, sans en excepter Socrate ; ni Çakya Mouni dans l’Inde ; ni même, et quoique survenu six siècles après Jésus-Christ, Mahomet. En fait et dans l’histoire, le christianisme, encore une fois, y a seul réussi.

Et comment y a-t-il réussi ? C’est en faisant de l’égalité un de ces articles de foi qui peut-être ne se « démontrent » pas plus que les axiomes de la géométrie, ou encore, — et j’aime mieux cette comparaison, — que l’existence du monde extérieur, mais qu’il suffit, pour en faire éclater l’évidence, qu’une inspiration généreuse ait dégagés de l’obscurité dont l’ignorance, les préjugés, les intérêts, et les passions les enveloppaient. Que si d’ailleurs ces sortes de vérités ne se « démontrent » point, elles s’établissent, et elles se « prouvent, » en dépit des pharisiens de la science, par la nature de leurs conséquences. C’est ainsi que la dialectique la plus subtile ne saurait établir la théorie du mariage monogame et indissoluble sur une autre base que celle des conséquences du divorce et de la polygamie pour la sécurité et la dignité de la femme. On le voit bien en Chine et en Turquie, ou de très honnêtes confucianistes, et même des ulémas très pieux, très attachés d’ailleurs à toutes les pratiques de leur religion, ne semblent point avoir éprouvé de scrupules sur cet article de l’union conjugale. Pareillement en ce qui touche l’esclavage. Pour que l’esclavage pût disparaître, ce qu’il a fallu que le christianisme