murs de nos écoles primaires ou de nos mairies de village, qui contribuent à diminuer la consommation de l’absinthe. Je ne crois pas non plus que, si nos ménages français, mondains ou ruraux, ont décidé de n’avoir qu’un enfant, ce soit une prime au septième qui les engage à mettre le second au monde, et moins encore des considérations sur l’avantage du nombre pour la propagation de la langue française au Kouang-Si. Les remèdes sont situés plus profondément. Si quelqu’un, pour son malheur, et pour celui des siens, a contracté le goût de l’absinthe, il ne s’en défera qu’autant qu’il le voudra, et qu’il le voudra librement, pour des raisons « morales, » c’est-à-dire qui se ramèneront toujours à quelque obligation ou quelque devoir conçus, reconnus, respectés comme tels ; et quant aux pratiques abominables que Malthus a nommées du nom, que l’on voudrait croire ironique, de moral restraint, il est encore plus évident que, si quelqu’un qui s’y livrait y renonce, la raison en sera toujours essentiellement « morale. » Voilà donc des « questions sociales » au sens large et même un peu vague du mot, qui ne sont, quand on les examine, que des « questions morales. »
Mais les « questions sociales » ne sont pas « la question sociale, » encore que, comme nous le dirons, elles s’y puissent lier ; et la seule question sociale, celle dont on veut parler quand on dit, avec M. Th. Ziegler, que « la question sociale est une question morale, » c’est la question de l’inégalité des conditions des hommes. Toutes les autres s’y ramènent, que ce soit la question des rapports du travail et du capital ; ou, dans un autre ordre d’idées, la question du féminisme ; ou, dans un autre ordre encore la question de l’éducation. Pour ne parler que de la dernière, quiconque y voudra réfléchir s’apercevra promptement qu’en dernier résultat, tout système d’éducation a pour objet d’atténuer les « injustices » qui découlent de l’inégalité des conditions, à moins que, comme dans les sociétés aristocratiques, il ne se propose de les faire durer en en consolidant héréditairement le respect. Aussi quelqu’un a-t-il très bien dit : « L’antagonisme qui crée le péril social n’est pas un antagonisme de fortune, mais un antagonisme de culture et d’éducation. » Quelle est donc, en reprenant la formule classique, « l’origine de l’inégalité parmi les hommes ? » et quelles en sont les conséquences ? Sont-elles inséparables de la nature des choses, ou au contraire, quels remèdes y peut-on apporter ? L’antiquité tout entière, — et, jusqu’aux environs