de répandre, partout où sa parole accède, cette idée, que « les institutions humaines sont toujours la mise en œuvre d’une conception religieuse donnée. » Le pasteur Herron, M. Benjamin Kidd, le professeur Ziegler, sont tous les trois protestans : je voudrais que M. Emile Durkheim fût israélite, qui donnait naguère, à un remarquable travail sur la Division du travail social, cette conclusion significative : « Notre premier devoir, actuellement, est de nous faire une morale » Pour dégager ma promesse et remplir mon intention, je n’aurais presque, en vérité, qu’à m’inspirer de ces écrits, et de ceux que, chemin faisant, j’aurai sans doute l’occasion d’y joindre. Ils sont tous pleins de ce qu’Emerson, en sa langue, appelait « l’esprit de l’heure ; » et je n’ose dire encore que la coïncidence en soit entière, mais les analogies en sont frappantes, on le va voir, avec l’inspiration générale du « Positivisme, » et avec la doctrine, je ne veux pas dire finale, mais essentielle d’Auguste Comte.
« Il y a des questions sociales, a-t-on dit, il n’y a pas de question sociale ; » et l’homme qui l’a dit a pu dire d’autres sottises, mais de toutes celles qu’il a dites, je n’en connais assusément ni de moins généreuse, ni, en son temps, de moins « opportune. » Encore ai-je tort de parler ici d’« opportunisme, » ou d’ « opportunité. » La « question sociale, » prise en général, est de tous les temps, et peut-être, et d’abord, est-ce là ce qui la distingue des « questions sociales, » en particulier, qui n’ont qu’un temps, comme, par exemple, la question de l’Alcoolisme ou celle de la Population. On les appelle sociales, et on a raison, parce qu’elles intéressent la société tout entière, et qu’une société particulière qui ne s’y intéresserait pas périrait, ou du moins souffrirait étrangement de son indifférence. Une autre raison qu’il semble que l’on ait de les nommer de ce nom, c’est quand on ne voit pas la solution qu’on en pourrait donner : les questions sociales sont des questions extrêmement complexes, et comme qui dirait des problèmes à plus d’inconnues que nous ne pouvons poser d’équations. Et déjà, dans ces conditions, il serait assez curieux de faire voir qu’elles sont surtout des « questions morales. » Car on peut douter que ce soit les images terrifiantes, — nouveaux tableaux de sainteté, — que l’on étale aux