les deux choses, c’est moi, Sire, qui viendrai me présenter chez vous. »
Pendant qu’il s’y achemine, Napoléon a frappé. Le 19 octobre, Mack a capitulé avec 32 000 hommes. Le pian des Autrichiens est bouleversé. Ils rappellent, en hâte, l’archiduc Charles d’Italie.
C’est pour Napoléon un grand succès de prestige. Un instant, il se flatte d’en tirer une combinaison qui, en quelques semaines, peut-être, achèverait la campagne et le rendrait maître des affaires.
La capitulation d’Ulm l’a trompé sur la valeur des Autrichiens : il les croit plus désarmés, plus accablés qu’ils ne le sont en réalité. Il se flatte de les amener à traiter. « Je donne un conseil à mon frère d’Allemagne. Qu’il se hâte de faire la paix. C’est le moment de se rappeler que tous les empires ont un terme ; l’idée que la fin de la dynastie de la maison de Lorraine serait arrivée doit l’effrayer. Je ne veux rien sur le continent. Ce sont des vaisseaux, des colonies, du commerce que je veux, et cela vous est avantageux comme à nous. » Il le dit à Mack ; il le publie dans le IXe bulletin, du 21 octobre, ignorant qu’à cette heure la France n’a plus de marine et que les grands desseins sur les colonies se sont évanouis, la veille, à Trafalgar. S’il effraie ainsi et attire du même coup François II, Napoléon le sépare d’Alexandre ; alors, n’ayant plus devant lui qu’un corps russe, qu’il estime à 30 000 hommes, il le détruit, offre la paix, l’alliance même, à Alexandre et le gagne, au prix de la Pologne, de l’Orient au besoin. Czartoryski l’avait prévu. Quant à la Prusse, instruit que, décidément, elle refuse l’alliance, il se flatte de la tenir en suspens. Il gagnera ainsi le temps nécessaire pour en finir avec les Autrichiens, par les armes ou par la négociation, pour isoler ou enchaîner les Russes. « Ayez soin de respecter le territoire prussien, écrit-il à Murat, le 20 octobre. J’ai déjà des querelles assez sérieuses avec cette puissance. J’ai de grands intérêts à la ménager. »
Et il marche sur Vienne : le 22 à Augsbourg, le 24 à Munich, où la société l’acclame à l’Opéra ; le 28, il passe l’Inn ; le 29, il occupe Salzbourg. Mais, à mesure qu’il s’enfonce en Autriche, il