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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 août.


L’attention se porte de nouveau sur les affaires d’Orient, où elle trouve malheureusement beaucoup de confusion et peu de lumières. On avait pu croire pendant quelques mois que le danger était, non pas conjuré, mais ajourné, et que l’Europe en serait quitte au moins pour cette année ; mais cette confiance était trop optimiste. Les périodes critiques dans les Balkans sont le commencement du printemps et la fin de l’été, c’est-à-dire avant et après les récoltes, car, dans ce singulier pays, l’insurrection tient compte des intérêts de l’agriculture et les ménage. Au printemps, il n’y a eu que des velléités qui n’ont pas abouti ; le mal, aujourd’hui, a fait explosion avec un caractère plus inquiétant ; dans les deux cas, il s’est manifesté par un symptôme identique, le meurtre d’un consul russe : après M. Tcherbina, consul à Mitrovitza, M. Rostkowsky, consul à Monastir. Il semble que l’indulgence, ou, si l’on veut, la clémence témoignée par le gouvernement russe dans le premier cas ait excité encore davantage le fanatisme musulman, au lieu de le désarmer. Il est difficile de comprendre pourquoi ce fanatisme a fait, en quelques mois, deux victimes russes, au moment où la Russie se montre sévère à l’insurrection macédonienne. Quoi qu’il en soit, le gouvernement de Saint-Pétersbourg ne pouvait pas, après le meurtre de M. Rostkowsky, persister dans la longanimité dont il avait fait preuve après celui de M. Tcherbina. Son prestige, qui a peut-être souffert de son abstention systématique depuis le début des événemens, aurait fini par s’éclipser tout à fait. Il a demandé les satisfactions qui lui étaient dues ; il les a exigées ; il les a obtenues.