coup d’autres, de la pêche « à Islande, » la pêche à Terre-Neuve n’est pas une industrie exclusivement métropolitaine : Saint-Pierre possède aussi sa flottille hauturière. Réservée au personnel de cette flottille qui arme et désarme chaque année dans le Barachois, la « louée » du Vieux-Bourg attire principalement les marins des quartiers de Saint-Malo, de Dinan et de Saint-Brieuc. Granvillais et Fécampais embarquent de préférence sur les " bancquiers » ou « banquais » métropolitains ; leur recrutement, qui ne diflère pas de celui des marins du commerce, se fait par l’intermédiaire des « marchands d’hommes » et des capitaines. L’opération présente beaucoup plus de variété dans la région bretonne, ce qui ne tient pas seulement à la prédominance de l’élément breton dans les équipages terreneuviers, mais au fait que certaines spécialités maritimes, comme l’armement colonial, les chauffauds du French-Shore et les établissemens du golfe Saint-Laurent, ne recrutent leur personnel qu’en Bretagne.
De novembre à mars, les Terreneuvas, comme on appelle indistinctement les pelletas, saleurs, soudeurs, chauffaudiers, capelaniers, graviers, etc., restent à terre, pratiquant la petite pèche côtière ou s’occupant à des travaux de culture. L’armement pour Terre-Neuve est en progression continue depuis 1897. L’an passé, tant à Saint-Malo qu’à Saint-Servan, 84 navires sont partis pour Terre-Neuve. En 1901, on n’en comptait que 78. Même progression dans les autres ports, particulièrement à Cancale et à Fécamp. Le chiffre total des navires métropolitains armés pour Terre-Neuve, qui était de 160, en 1897, est monté successivement à 183, en 1878 ; à 190, en 1899 ; à 202, en 1900 ; à 213, en 1901 ; à 220, en 1902. Celui des navires coloniaux, qui était de 181, en 1899, est monté à 193, en 1900 ; à 201, en 1901 ; à 206, en 1902. Parallèlement au chiffre des navires, le mouvement des importations augmentait d’année en année. On en peut juger par ce fait que les arrivages à Bordeaux, principal centre de l’importation moruyère, qui étaient, en 1875, de 10 millions de kilogrammes (chiffre rond), en 1880, de 14 millions, en 1890, de 23 millions, passaient, en 1900, 40 millions. La statistique ne manque pas d’éloquence. Toutefois ce ne sont pas les armateurs qui ont le plus bénéficié de ce développement d’une industrie qui eut ses bons et ses mauvais jours sans atteindre jamais au rendement actuel. Près de 10 000 hommes sont actuellement engagés pour Terre-Neuve, et il n’est pas exagéré de dire que le