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les caisses fédérales regorgent de millions qu’y verse chaque jour l’administration des douanes. Le secrétaire du Trésor essaie de les rendre à la circulation, mais se trouve à chaque instant arrêté par les entraves que la législation met à sa libre action en cette matière. Nous souffrons d’un déficit ; eux, d’une pléthore de leurs excédens au rachat de leur Dette, parce que les titres de celle-ci servent à gager la circulation des billets des Banques nationales.

Les recettes de l’année fiscale terminée le 30 juin 1902 aux États-Unis se sont élevées à 684 millions et les dépenses à 593 millions, laissant un excédent de 91 millions de dollars (le dollar vaut 5 fr. 18). Il a été racheté pour 70 millions de titres de la Dette. Pour l’année fiscale 1902-1903, le secrétaire du Trésor prévoit un excédent de 52 millions de dollars. Le commerce étranger se soldait, en 1901-1902, par 903 millions de dollars d’importations et 1 381 millions d’exportations, soit 478 millions d’excédent d’exportations.

En face de la prospérité qu’attestent ces chiffres et que les statistiques des chemins de fer, de l’agriculture, de la métallurgie, des mines, démontreraient d’une façon encore plus éclatante, il serait inutile de parler de modération ou de restriction dans les dépenses. La fécondité et l’étendue d’un territoire merveilleux, l’esprit d’entreprise de ses habitans, créent là-bas une richesse dont l’effet se fait sentir dans l’univers. Il importe de ne pas compromettre la nôtre, si nous voulons conserver notre force en face de cette nouvelle puissance, dont l’ombre se projette déjà sur le XXe siècle.


VII

Nous venons de tracer le tableau de la situation financière de six grands pays. Par un singulier retour des choses d’ici-bas, ce sont trois des principaux d’entre eux qui nous offrent le spectacle du malaise le plus sérieux. Celui dont le crédit n’avait cessé, au cours du XIXe siècle, de tenir le premier rang dans le monde est aujourd’hui déchu de cette suprématie, conquise par les États-Unis de l’Amérique du Nord. Si la richesse totale de la Grande-Bretagne est encore supérieure à celle de la France