Sur l’écorce a un hêtre à la peau tendre et lisse
J’ai finement gravé ton nom harmonieux,
Ton nom dont la douceur est un bienfait des Dieux,
Et qui s’épanouit comme s’ouvre un calice.
Pour qu’ici-bas jamais ta gloire ne pâlisse,
J’ai, dans la blanche écorce, incrusté de mon mieux
Ce nom qui cache presque un sens mystérieux
Et qu’entendent l’oreille et l’âme avec délice.
Or, depuis, l’arbre immense aux soupirs véhémens
A la sérénité de ses gémissemens
Mêle un sanglot où l’âpre angoisse d’aimer vibre ;
Car le hêtre plaintif de l’agreste chemin
A senti jusque dans sa plus profonde fibre
Pénétrer l’infini du désespoir humain.
Souvent je me suis dit, ô vieux arbres, que scelle
Aux sables, à la glaise, aux rocs, l’ongle puissant
Des racines, que votre âme altière ressent
Ses angoisses parmi l’angoisse universelle.