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point défaut au cours de la campagne et, dans les opérations importantes auxquelles celle-ci donna lieu, les contingens français et russes associèrent étroitement leur action.

Frappés de la parfaite instruction technique des officiers et des cadres de nos batteries, des effets remarquables produits par le tir de nos obus à la mélinite, les chefs russes ne manquaient point, pour chacune de ces opérations, de s’assurer le concours de notre artillerie dont des unités — à Tien-Tsin, à Peitzang, à Yang-Tsoun, puis dans les petites opérations de police autour de Pékin — marchèrent ainsi avec l’artillerie russe, pendant que des compagnies de tirailleurs sibériens, ou des détachemens de cosaques, de pionniers ou de leurs intrépides volontaires coopéraient avec le contingent français. Dans ces circonstances, mieux encore que dans les plus imposantes manifestations du temps de paix dont les forces militaires des deux Puissances sont susceptibles d’offrir le spectacle, il devait être donné aux deux contingens alliés et amis de se voir à l’œuvre, de s’étudier, d’apprendre à se connaître et à s’apprécier à leur juste valeur. Et ce fut avec un sentiment de patriotique fierté et de confiance profonde dans l’avenir, que Russes et Français constatèrent que, sur ce théâtre d’opérations de l’Extrême-Orient, les fractions qui avaient l’honneur de représenter les armées nationales savaient dignement y continuer les belles traditions qui ont toujours fait la gloire de ces deux armées.

Les sotnias des Cosaques de l’Amour et de la Transbaïkalie firent preuve, d’autre part, dans les plaines du Pé-tchi-li, de ces mêmes qualités de hardiesse sur lesquelles s’est fondée la légendaire réputation de leurs frères d’armes, les Cosaques du Dnieper et du Don : . ce sont des cavaliers consommés, d’une rare audace, habiles à explorer un pays inconnu, à éventer les pièges de l’ennemi.

Quant aux régimens de tirailleurs de la Sibérie orientale, qui constituaient la plus grande partie du contingent russe, ils ne comptaient que des hommes robustes et d’une bravoure éprouvée. Lorsque à la fin d’une longue et pénible journée de marche, à l’arrivée au bivouac, ils défilaient du même pas vif et allongé, aussi ferme et aussi soutenu qu’au départ, et la tête haute, le fusil sur l’épaule, invariablement muni de sa baïonnette, toujours prêts ainsi à l’attaque ou à la riposte, ils produisaient chaque fois sur l’esprit des autres alliés une réelle impression