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Seyd-Sultan avait dû se résigner à leur payer tribut. Les Anglais l’aidèrent à secouer le joug. A quelque temps de là, ils lui rendirent un autre signalé service. Depuis l’expulsion des Européens, le golfe Persique était infesté de pirates qui rendaient les communications difficiles entre les deux rives du golfe et dans la mer d’Oman. Les Wahabites de la région d’El-Hasa, les gens des îles Bahréïn et même les propres sujets du sultan ne cessaient de se livrer à des déprédations sur ces eaux. Groupés en associations de corsaires, ils avaient fait donner à la côte d’Oman le nom de Côte des Pirates et profitaient des dangers qu’offrait la navigation dans ces parages difficiles et semés d’écueils pour s’adonner à leur triste industrie. Malheur aux navires qui s’engageaient dans le golfe sans être accompagnés de vaisseaux de guerre ! Les flottilles des pirates se tenaient en embuscade sur le revers occidental de la péninsule qui se termine au cap Masandam et de là fondaient sur eux et leur donnaient la chasse. Même les indigènes qui se livraient à la pêche se transformaient volontiers, leur travail terminé, en pirates et s’efforçaient de se dépouiller mutuellement des fruits de leurs peines. Le nombre des corsaires était si grand que le sultan, malgré les forces navales dont il disposait, ne pouvait les mettre à la raison. La Compagnie des Indes, dont le commerce souffrait d’un tel état de choses, s’empressa de prêter main-forte à Seyd-Saïd. Une première expédition anglo-indienne eut lieu en 1809 contre les pirates de l’Oman ; dix ans après, en 1819, plus de 200 navires appartenant à la tribu des Djewasiné furent capturés par la flotte britannique ; enfin, en 1821, une armée de 3 000 hommes vengea la défaite, dans le district de Djaïlan, d’une petite force anglaise.

Ces expéditions renouvelées dans un si court intervalle n’étirent pas seulement un caractère politique : elles servirent la cause de la science en faisant connaître l’hydrographie du golfe. Tandis que le lieutenant Mac-Clure poussait une reconnaissance hydrographique de la mer Persique jusqu’aux bouches de l’Euphrate, la marine anglaise, appelée dans les parages des îles Bahréïn pour donner la chasse aux pirates, reconnaissait les archipels alors à peu près inconnus. L’expédition de 1819 permit de poursuivre ces études et procura un tracé suffisamment exact de la côte arabique ; et plus tard une révision générale compléta ces premiers travaux. L’hydrographie du golfe, il est juste de le reconnaître, appartient tout entière à la marine anglaise et