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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 juillet.


Le pape Léon XIII est mort le 20 juillet, à 4 heures de l’après-midi. Depuis trois semaines, ses forces défaillantes, mais restées énergiques, luttaient contre la maladie avec des alternatives diverses, sans que jamais son entourage ait pu se faire illusion sur le dénouement inévitable. Sa mort a été belle parce qu’elle a été simple, comme sa vie l’avait été. Lorsque la nouvelle s’est répandue qu’il était en danger, et bientôt qu’il était perdu, on a pu mesurer à l’émotion universelle la place qu’il occupait et remplissait dans le monde. Rarement la mort d’un homme a provoqué un sentiment aussi profond de regret et d’affliction chez les uns, de respect et de déférence chez tous. Les journaux même qui professent l’irréligion, et qui annoncent chaque jour que le catholicisme a vécu, ont consacré de longues colonnes à rendre compte de sa maladie, avec des détails qui ne lassaient jamais leurs lecteurs. Pendant plusieurs jours, toutes les autres affaires ont été reléguées au second plan. La personne de Léon XIII était pour beaucoup dans la préoccupation universelle, car il a été un très grand pape.

Sa grandeur tenait à deux causes, à l’étendue de son intelligence et à la profondeur de ses convictions. Il a été un politique habile et efficace, mais, derrière le politique, il y avait chez lui le croyant, l’homme de foi, et par conséquent, l’homme de confiance qui, au milieu de toutes les difficultés qu’il a traversées, n’a pas douté un instant des destinées de l’Église, et qui s’est montré patient pour elle parce qu’il la croyait éternelle. C’est là une force, et la plus puissante de toutes. Il y a des divergences et des divisions partout : les catholiques discutent entre eux pour savoir si la politique de Léon XIII a