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Une seconde expérience, soigneusement instituée, eut lieu à Metz, en 1897, sur des soldats sous la direction d’un médecin supérieur de l’armée, M. Leitenstorfer. On profita, pour l’exécuter, de l’époque des grandes manœuvres, c’est-à-dire d’une période où les hommes ont besoin de développer beaucoup d’activité physique et où on leur demande de grands efforts. Dans chaque compagnie, on constitua deux pelotons de dix hommes, dont l’un, nourri à la façon ordinaire, devait servir de témoin : dans l’autre, les soldats recevaient en outre de la ration habituelle une certaine quantité de sucre. Ce fut d’abord 35 grammes, puis 60 grammes, puis davantage : le régime fut continué pendant trente-six jours, du 4 août au 10 septembre. — Les hommes furent soigneusement examinés avant et après l’épreuve au point de vue du poids du corps, de l’état de l’appareil circulatoire et de l’appareil respiratoire. — Les violens exercices mettent, en effet, à l’épreuve les muscles et le poumon, mais surtout le cœur. — Les résultats peuvent s’exprimer en deux mots : tous les avantages se rencontrèrent chez les hommes qui avaient été soumis au régime du sucre. Il y eut à leur profit une légère augmentation du poids du corps ; ils supportèrent mieux la fatigue que leurs camarades ; après une longue marche, le pouls était chez eux moins fréquent que chez les autres, le cœur moins troublé et plus résistant, la respiration moins précipitée, plus calme. D’ailleurs, les hommes avaient pris avec plaisir le sucre qu’on leur donnait. Il est remarquable que, contrairement aux prévisions, on ait observé chez eux une diminution de la faim et de la soif.

Ces résultats, bientôt confirmés, parurent assez concluans pour justifier un projet d’emploi systématique. On se servira, désormais, du sucre pour augmenter la ration ordinaire pendant les périodes de grandes fatigues. Cette addition dispensera de recourir au supplément de viande, moins favorable au développement de l’effort que l’on a à demander aux hommes. En temps ordinaire, le sucre sera consommé dans des préparations diverses, café, confitures, miel. Il sera consommé à cru et fourni en morceaux aux troupes en marche et pour l’approvisionnement des cantonnemens et des forts, à cause de la facilité du transport, du faible volume qu’occupe la matière et de sa conservation assurée.

— D’autres observations montrent les effets bienfaisans de l’alimentation sucrée pour les sports fatigans, et particulièrement dans les ascensions en montagne ou les excursions