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interviennent chacun pour une part, et que l’on a appelé, depuis Claude Bernard, « la fonction glycogénique. » Mais ce n’est pas là le mécanisme tout entier ; ce n’est pas toute la fonction glycogénique ; ce n’en est qu’une partie, la base, si l’on veut. Réduit à ce que l’on vient de voir, le mécanisme glycogénique ne serait qu’une annexe ou un complément de la digestion, une régularisation du passage du sucre digéré dans le sang, en vue d’éviter à celui-ci des variations de composition qui seraient trop brusques pour être compatibles avec le jeu parfaitement égal et soutenu de la machine vivante. La fonction glycogénique est quelque chose de plus. Elle ne rend pas seulement la quantité de glucose du sang indépendante de la digestion des sucres alimentaires ; elle en assure la fixité en l’absence même de l’usage du sucre et des féculens : elle soustrait cette fixité fondamentale du glucose sanguin à tous les caprices de l’alimentation, quelle qu’elle soit. — Claude Bernard avait bien aperçu cette condition essentielle du fonctionnement vital des animaux supérieurs qui assure leur liberté et leur indépendance vis-à-vis des variations contingentes du milieu. Il appartenait aux successeurs de l’illustre physiologiste de donner à son œuvre les complémens nécessaires.


IV

On vient de voir que, s’il y a du sucre dans le sang, ce n’est pas celui de l’alimentation ; ce n’est pas celui de la digestion ; c’est celui du foie. Il provient du glycogène ou amidon animal qui se forme incessamment dans cet organe : il en provient exclusivement ou presque exclusivement.

Mais ce glycogène lui-même, antécédent obligatoire et générateur du glucose sanguin, d’où vient-il ? En parlant tout à l’heure de la digestion des matières féculentes et sucrées opérée par les diastases intestinales, on a indiqué l’une de ces sources du glycogène, la principale ; on a dit que tous ces hydrates de carbone étaient transformés en glucoses divers et conduits au foie, qui les arrêtait. Non seulement il les arrête, mais, par une opération régressive, par une action chimique très élémentaire, par une simple déshydration, il en fait du glycogène.

L’hydrate de carbone alimentaire est donc une des origines du glycogène et, par voie de conséquence, une source éventuelle du sucre sanguin. Mais on comprend bien que ce n’est pas la