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population. Le général Gallieni n’a pas manqué de s’en préoccuper et, comme le plus sûr moyen pour atteindre ce but est de réduire la mortalité, il a créé l’Assistance indigène. En dehors de sa portée humanitaire et sociale, qui va de soi, elle a à Madagascar une portée économique spéciale. « En outre du devoir d’humanité qui nous incombe et de l’obligation de nous attacher nos nouveaux sujets, nous travaillons ainsi au développement de la race malgache. C’est là une véritable nécessité qui s’impose à nous pour remédier au plus grave inconvénient que rencontrent à Madagascar les projets et entreprises de colonisation, c’est-à-dire au peu de densité de la population[1]. » Et le colonel Lyautey ajoute : « Ce qu’il faut avant tout à Madagascar, c’est la main-d’œuvre. En fortifiant et en multipliant, par une meilleure hygiène et un développement de la natalité, la main-d’œuvre actuelle, nous ne remplissons pas seulement un devoir social et moral, mais nous employons le meilleur moyen pour mettre l’île en valeur. »

Dès maintenant ce service a reçu à Madagascar un développement qu’il n’a, croyons-nous, atteint dans aucune autre colonie. L’assistance médicale est organisée par province, qui dispose d’un budget dit « budget de l’assistance médicale indigène, » alimenté : 1° par une subvention du budget local calculée à raison de 0 fr. 50 par an et par habitant ; 2° dans certaines provinces, le Betsiléo, par exemple, par une taxe spéciale des léproseries, que double une subvention du budget local et de même importance que le montant de la taxe ; 3° par des dons en nature ou en argent.

Dans chaque province ou cercle fonctionne une commission d’assistance médicale et d’hygiène présidée par le chef de la province ou du cercle et composée d’un médecin militaire, d’un fonctionnaire européen, du gouverneur principal indigène, d’un médecin indigène de colonisation et de notables indigènes nommés par le chef de province.

Un hôpital indigène doit être établi au chef-lieu de chaque province. L’admission des indigènes aux hôpitaux, les consultations aux dispensaires et les délivrances de médicamens sont gratuites. Il y a même des consultations spéciales pour les nourrissons de moins de dix-huit mois.

  1. Général Gallieni, Instructions relatives à l’Assistance indigène.