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DANS
LE SUD DE MADAGASCAR[1]

On se souvient que la prise de Tananarive date du 30 septembre 1895. Peu de temps après, une partie du corps expéditionnaire fut rapatrié et le gouvernement envoya à Madagascar un gouverneur civil, M. Laroche. Peu méfiant de sa nature, M. Laroche ne s’aperçut pas des intrigues qui se tramaient à la cour de la reine Ranavalo, du travail souterrain auquel se livraient surtout ses ministres, et grand fut son étonnement, quand il vit, un beau matin, que de graves insurrections éclataient sur divers points de l’île et même sur le plateau de l’Imerina. Les Hova, surpris tout d’abord par la marche de la colonne volante conduite par le général Duchesne et par le bombardement du palais de la reine, s’étaient ressaisis ; et, par une habile pression exercée sur les habitans du plateau central et sur les tribus peuplant la région de l’Est jusqu’à Tamatave, avaient ourdi un véritable complot dont le but était de nous priver de toute base de ravitaillement, de nous isoler, pour ainsi dire, dans Tananarive et de nous y réduire par la famine.

  1. Le colonel Lyautey est connu des lecteurs de la Revue par les très remarquables articles qu’il y a publiés en mars 1891 sur le Rôle social de l’officier, en janvier 1900, sur le Rôle colonial de l’armée, et par la brillante part qu’il a prise à notre expansion coloniale.
    Dans un ouvrage que le colonel vient de publier chez l’éditeur militaire Lavauzelle, et dans lequel il rend compte de la mission que le général Gallieni lui avait confiée dans le Sud de Madagascar, il met en pratique les théories qu’il avait exposées à cette place, il applique les méthodes inspirées par ce « Maître colonial » et y joint des considérations politiques, économiques et ethnographiques du plus haut intérêt.